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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 10:54

Z 

 

Cette visite au domaine de l’Oriel avait comme but principal de chercher le vin qui allait arroser le banquet organisé par l’ami Martial en l’honneur de sa promise avec qui il a décidé de convoler en juste noce au début de l’été.

Souvent goûté et très largement approuvé depuis sa sortie le riesling Tradition 2009 sera le vin blanc du mariage : son côté gourmand et généreux en fera un superbe compagnon pour buffet festif…je me lèche déjà les babines !

 

Bouteilles 0400

 

Comme promis lors de notre prise de rendez-vous, le grand Claude nous invite à le suivre dans sa cave pour effectuer un tour petit d’horizon sur 2011.

 

Les vins séjournent en cuves (bois ou inox) et nous ne dégustons que les cuvées qui ont fini de fermenter :

Sylvaner : un vin qui se montre déjà charmeur équilibré et gouleyant.
Frais et « sexy », ce sylvaner sera un peu moins droit mais tout aussi séduisant que le superbe 2010. MIAM !

Pinot blanc 1 : un vin proche du sylvaner avec un équilibre plus rond.
Pinot blanc 2 : un vin riche mais plus fumé et plus minéral que le précédent.
Ces deux cuves bien différentes mais qui semblent bien complémentaires sont prévues pour être assemblées et composer la cuvée de pinot blanc du domaine. Encore un beau vin d’entrée de gamme en perspective.

Pinot blanc Barrique : le boisé reste léger mais la structure du vin est plus large et plus grasse.
Ce pinot blanc effectue sa fermentation en barriques puis repart en cuve en attendant la mise. Le passage en bois marque d’avantage la bouche que le nez…je reste néanmoins circonspect, mais ce vin connaît un large succès public, alors…

Muscat : un vin aux arômes puissants et purs et à la chair gourmande.
Voilà un muscat comme je les aime, une olfaction flamboyante et une matière confortable mais digeste.

Pinot gris : le fumé habituel du cépage est déjà présent, l’équilibre opulent est contrebalancé par une belle salinité en finale.
Issu d’une parcelle granitique près du village de Niedermorschwihr, ce pinot gris classique et généreux porte la marque minérale de son terroir.

Riesling Grand Cru Sommerberg : un registre exotique et acidulé (lime et carambole) au nez, un fruité profond, toujours très exotique et une belle salinité en finale.
Ce riesling prélevé sur la seule cuve qui a fini de fermenter se montre déjà très « Sommerberg » dans son équilibre et dans sa minéralité…attention, belle cuvée en perspective !

Muscat V.T. : encore perturbé au nez par des notes fermentaires mais de toute beauté en bouche : moelleux, riche avec une finale nette et fraîche.
Issu d’une parcelle plantée par Claude il y a une dizaine d’années, cette V.T. 100% muscat d’Alsace est une grande première au domaine de l’Oriel et le vigneron en est particulièrement fier…on le comprend !

Pinot gris Grand Cru Sommerberg-Les Terrasses : marqué au nez par des arômes fermentaires, mais généreux, riche et bien équilibré en bouche avec une palette plus nette sur les fruits jaunes.
Bâti sur l’impétuosité du Sommerberg et le côté très solaire de ce millésime, ce pinot gris en étonnera plus d’un par sa puissance.

Gewurztraminer : épicé et généreux avec un corps un peu massif et une finale poivrée.
Cette cuvée « Tradition » provient d’une parcelle assez argileuse qui lui confère une olfaction intense et un équilibre très riche.

Gewurztraminer Cuvée Claire : un profil aromatique et une structure en bouche proche du vin précédent mais une finale nettement plus persistante.
Récoltés sur les pentes du lieu-dit Heimbourg ce gewurztraminer se démarque par une présence en bouche d’une concentration et d’une longueur étonnantes.

Pour conclure :

- Je suis persuadé qu’au domaine de l’Oriel, plus qu’ailleurs, il y a une congruence marquée entre la personnalité du vigneron et celle de ses vins : ces jeunes cuvées dégustées aujourd’hui s’expriment toutes avec générosité et exubérance.
C’est vrai que les terroirs granitiques et le climat autour de Niedermorschwihr associés aux effets de ce millésime chaud y sont sûrement pour quelque chose mais je reste persuadé que le caractère jovial et chaleureux du grand Claude se retrouve dans les vins qu’il élabore…

- Au domaine de l’Oriel, les cuvées de 2011 seront riches et aromatiques et devront chercher leur équilibre dans leur structure minérale : il faudra que les terroirs granitiques avec leur salinité si particulière se montrent à la hauteur de leur réputation pour répondre à ces matières très généreuses.
Sur ce plan, les deux premières cuves de Sommerberg dégustées aujourd’hui laissent envisager ce nouveau millésime avec sérénité.

 

ALa partie ouest du Sommerberg au début du printemps…toujours aussi magique !

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 09:24

Pinot Noir Cœur de Bollenberg 2008 – Domaine F. Schmitt à Orschwihr

Robe : rouge cerise avec une densité moyenne et des bords légèrement orangés.
Nez : intense et charmeur il livre de beaux arômes de bigarreau, d’amande douce et de pivoine.
Bouche : la matière est gourmande avec une chair généreuse et un toucher très soyeux mais la finale reste fraîche et digeste.
Frédéric Schmitt a fait le choix de travailler ces pinots noirs récolté sur le coteau du Bollenberg à la bourguignonne…ce vin qui commence à trouver son équilibre et qui assume son élevage avec distinction (et discrétion d’ailleurs) se goûte avec un grand plaisir actuellement…Chambolle n’est pas si loin que çà d’Orschwir !


Roussette de Savoie Marestel 2005 – Domaine Dupasquier à Jongieux


Robe : jaune doré, bien brillant.
Nez : épanoui et complexe sur le miel, l’acacia, la mandarine avec des évocations minérales bien présentes (pierre chaude).
Bouche : la matière est ample, riche et aromatique, la finale est franche et précise avec une persistance minérale bien longue.
On ne se lasse pas de déguster ce cru savoyard, issu du cépage altesse, qui laisse toujours la même impression de plénitude…on ne se lasse pas non-plus de mettre en avant le travail précis et soigné qu’effectue Noël Dupasquier sur les pentes de la Montagne du Chat.


Pinot Blanc La Fontaine aux Enfants 2008 – Domaine Kreydenweiss à Andlau

Robe : jaune franc, brillant.
Nez : complexe et charmeur avec une touche miellée sur un fond de fruits blancs (poire et reinette) soutenu par quelques nuances minérales.
Bouche : le toucher de bouche est superbe avec un gras digne d’un beau chardonnay bourguignon, la présence fruitée est bien gourmande, l’acidité est longue et bien souple, la finale reste modeste mais révèle un caractère sapide qui laisse le palais frais et dispos.
Issu d’une parcelle granitique située au sommet du Grand Cru Kastelberg, ce beau pinot blanc montre une fois encore que pour un grand vigneron la notion de petit cépage n’a plus de sens…GRAND MIAM !

 

 

p 010 

A Mittelbergheim l'art s'invite dans les caves.


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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 09:14



Après un mois de février sans rencontre « officielle » la joyeuse confrérie des leveurs de coude du club A.O.C. se retrouve presque au complet dans leur repaire de La Wantzenau pour cette deuxième session 2012 consacrée à la découverte d’un couleur dans le vignoble ligérien et l’étude approfondie de la production d’une fratrie mâconnaise :

- Thème 1 : la Loire voit rouge
- Thème 2 : les trois frères du Mâconnais.

Pour la série des rouges de Loire, Lionel, amateur éclairé de ce style de vins, nous a proposé une série de bouteilles prélevées pour la plupart dans sa réserve personnelle, pour la série mâconnaise, j’ai profité de ma visite automnale dans la région pour demander à Jean-Guillaume Bret himself de nous préparer une Bret-box spéciale pour l’occasion.


Les vins de la première série sont servis à l’aveugle, 2 par 2.
Les vins de la seconde série sont servis 2 par 2, à l’aveugle mais millésime annoncé.


Verres INAO.


Soirée Club AOC du 16 mars 2012 à La Wantzenau

 


Thème 1 : nouvelle tentative pour comprendre l’esthétique des rouges de Loire...


Bourgueil Cuvée Prestige 2006 – Domaine Guion à Benais : le nez est franc, moyennement intense sur la framboise et le poivron mûr, la bouche est fraîche avec un côté charnu bien agréable mais une finale que des tanins très asséchants rendent particulièrement austère. (100% cabernet franc – viticulture bio).
Touraine Franc du Cot Lié 2007 – A. et B. Minchin à Selles sur Cher : le nez très intense s’ouvre sur de belles notes de fruits noirs mais très rapidement on sent la marque d’un élevage qui devient dominateur, en bouche l’attaque est plus mûre, la cerise noire est pleine de charme mais le boisé revient à la charge en apportant une pointe très sèche en finale. (Assemblage cabernet franc et cot)
Bon, je dois l’avouer (de toutes façons, tout le monde le sait !) j’ai beaucoup de mal avec les rouges de Loire…et les deux premiers vins de cette série ne vont hélas pas me faire changer d’avis : malgré des olfactions plutôt flatteuses les matières en bouche sont d’une austérité rédhibitoire pour mon goût.


p 006

 

 

VDP des Fiefs Vendéens Domaine Saint Nicolas-Cuvée Jacques 2006 – T. Michon à Brem sur Mer : le nez est marqué par d’intenses notes de torréfaction, de fumée et de suie, la bouche est assez gourmande avec une belle concentration et une fraîcheur finale agréable. (Assemblage 85% pinot noir et 15% cabernet franc – domaine en bio-dynamie).
Chinon L’Huisserie 2006 – P. Alliet à Chinon : le nez est riche, complexe et charmeur sur un registre fruité très épanoui, la bouche séduit par sa chair gourmande où les fruits croquent sous la dent, la finale précise et fraîche laisse un sillage aromatique sur la violette. (100% cabernet franc)
La Cuvée Jacques est étrangement marquée par des notes empyreumatiques trop dominatrices à l’heure actuelle…peut-être un peu jeune ? Le Chinon d’Alliet est splendide…c’est peut-être bien la première fois que j’emploie cet adjectif pour un rouge de Loire !

 

p 008

 
 

 

Sancerre La Moussière 2008 – A. Mellot à Sancerre : le nez est complexe avec une palette associant fleurs et fruits rouges, en bouche l’attaque est pointue mais la matière se montre agréablement fruitée, la finale très tannique est un peu rude à mon goût.
Saumur-Champigny Terres Chaudes 2002 – T. Germain à Varrains : le nez est marqué par des notes de réduction intenses et tenaces (animal, fromage…) qui écrasent le fruité discret et bien raffiné qu’on devine en fond, en bouche la matière est riche et concentrée mais la finale se montre de nouveau trop austère avec des tanins très serrés et très secs.
Ces deux bouteilles avec une structure bien trop ferme pour mon palais ne m’ont guère séduit ce soir…par contre, le Saumur Champigny était vraiment méconnaissable le lendemain : plus harmonieux, plus soyeux il s’est laissé boire avec un réel plaisir !

 

p 009

 


Pour conclure :

- cette série relativement éclectique mais regroupant quelques belles références du Val de Loire ne m’a pas définitivement réconcilié avec ce type de vins, mais je dois avouer que la qualité générale de ces 6 flacons m’a agréablement surpris.

- j’ai toujours un peu de mal à apprécier ce différentiel marqué entre des olfactions flatteuses et guillerettes et des présences en bouche où le sérieux confine trop souvent à l’austérité.
En tous cas les deux bouteilles regoûtées le lendemain se sont révélées particulièrement aimables : le Saumur Champigny avait perdu sa dureté pour n’être plus que rondeur et densité, le Chinon déjà superbe le soir s’était encore affiné…MIAM !

- Pour le coup de cœur pas de surprise, c’est le Chinon 2006 de Philippe Alliet, qui a d’ailleurs largement convaincu l’assemblée œnophile de cette soirée…voilà un vin rouge ligérien poule lequel  je serai prêt à faire une petite place sur les rayonnages de ma cave !

 

 

 

Thème 2 : Brothers in Wine.

 

Macon-Uchizy La Martine 2010 : le nez est fin et discret avec un fruité épanoui (citron mûr) et quelques notes florales, la bouche est gouleyante avec une matière bien glissante et délicieusement citronnée en finale.
Pouilly Vinzelles La Soufrandière 2010 : le nez est pur et précis sur les fruits blancs (poire) et le miel de sapin, la bouche est riche et mûre avec un toucher onctueux qui donne une impression de moelleux très agréable, la finale est plus fraîche avec une belle touche minérale sur la craie.
Avec ces deux premières friandises le décor de la série est planté : les vieilles vignes de la « Martine » ont produit un vin pur et convivial et les jeunes vignes du climat des Quarts un vin au fruit épanoui et la vibrante minéralité. Voilà deux flacons qui n’auront qu’un seul défaut, leur faible durée de vie après ouverture…les verres qui se vident tout seul !

 

p 001

 


Viré-Clessé Sous les Plantes 2009 : le nez est fin avec un registre un peu « pâtissier » (notes de fraise et de brioche), la bouche se développe avec beaucoup de charme avec du gras, une chair gourmande et une finale qui redevient fraîche et aérienne.
Issu d’un terroir assez limoneux (en viticulture bio) situé au sud de Viré, ce vin porte la marque d’un millésime généreux mais garde une silhouette élégante et une buvabilité exceptionnelle…encore une bouteille qui ne fera pas long feu sur une table d’amateurs, même éclairés !

 

p 003 


Saint Véran En Combe 2008 : nez est discret sur le citron et la craie, la bouche set droite, fraîche et très minérale en finale.
Pouilly Fuissé Terres de Vergisson 2008 : nez est plus expressif, un peu grillé, avec des notes de pierre à feu, de poudre à canon et une pointe mentholée, après une attaque en souplesse, la bouche monte en puissance progressivement et révèle une matière dense et fortement minérale.
Avec ce Saint Véran issu d’une parcelle de vieilles vignes sur Chasselas et ce Pouilly Fuissé issu de vignes situées entre les roches de Solutré et de Vergisson, nous sommes en présence de deux monstres de minéralité qui se goûtent encore assez difficilement aujourd’hui mais dont on pressent un très beau potentiel d’évolution.
A revoir dans 2 ou 3 ans !

 

p 002

 

 

Pouilly Loché La Colonge 2007 : le nez est discret et précis sur les fruits blancs et la craie, la bouche allie soie et fraîcheur dans un équilibre bien sec, la finale est droite et laisse persister de beaux aromes de pamplemousse.
Pouilly Vinzelles Les Quarts 2005 : nez est ouvert mais très minéral sur la craie, le silex et une touche de mie de pain et de citron, la bouche est concentrée avec grain fin mais perceptible au toucher, l’équilibre est sec et la finale très longue associe des notes de calyptol et de pierre à feu.
Une cuvée issue de la plus petite appellation du Mâconnais et le vin emblématique de la Soufrandière ont clôturé cette série en toute beauté : si le premier se montre strict et droit, le second assume sa nature minérale sans complexe. Ces vins dont les personnalités solidement plantées ont dérangé certains dégustateurs de l’assemblée sont de très grands vins tout simplement avec des pics de maturité qui je pense ne sont pas encore atteints.

 

p 004

 

Pour conclure :

- Les frères Bret sont d’ardents défenseurs de la qualité des vins du Mâconnais en portant une attention particulière à l’identité des différentes parcelles qu’ils essaient de mettre en valeur dans leurs cuvées. Ils pratiquent une viticulture respectueuse de l’environnement (les vignes de la Soufrandière sont travaillées en biodynamie et de plus en plus de parcelles exploitées par le négoce Bret Brothers sont en agriculture biologique) et accomplissent un travail en cave d’une exigence absolue. Le choix d’une série de 7 cuvées produites par ces vignerons nous a permis d’étudier et de ressentir les nuances qui différencient les vins issus de quelques terroirs réputés de cette région bourguignonne.

- Avec une petite remontée dans le temps de 2010 à 2005 nous avons également pu évaluer les effets du vieillissement sur ces différentes cuvées : avec la finesse et la précision comme leitmotiv ces vins qui savent se montrer accessibles et gourmands dans leur jeunesse révèlent leur côté minéral avec l’âge…parfois de façon assez péremptoire comme sur le Pouilly Fuissé « Terre de Vergisson » (mais aussi « La Roche » qu’on n’a pas dégusté ce soir) ou encore sur le Vinzelles « Les Quarts ».

- Etant un aficionado avoué du domaine depuis de longues années, j’ai quelques difficultés à faire un classement parmi ces bouteilles qui m’ont séduit une fois de plus ce soir. J’ai néanmoins été particulièrement sensible au charme juvénile mais irrésistible du Pouilly Vinzelles 2010 et à la qualité du grain minéral du Pouilly Fuissé 2008.

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 09:28

 

Il y a des semaines où les rencontres autour de la chose vinique se multiplient et où un blogueur amateur comme moi a beaucoup de mal à suivre dans la tenue de ses chroniques viniques : après une journée à Eguisheim en compagnie de Christian Beyer, une session du club A.O.C., une visite rapide au domaine de l’Oriel, un salon des vins au Bollenberg, voilà que mon ami Jean-Claude (50 années de fidélité cette année…on ne pourra pas dire que je l’ai choisi pour sa cave !) me propose de me joindre à un groupe d’amateurs de vins qu’il a convié pour une verticale de Bienvenues-Bâtard-Montrachet…dans certaines situations il faut vraiment accepter de se laisser déborder par le travail !
Deux plateaux de fromages à pâte cuite, quelques conserves de foie gras et de rillettes de canard et un alignement de 10 flacons d Grand Cru : voilà une table capable de faire frétiller les papilles les plus exigeantes !

L’ambiance est festive et je n’ai pas trop envie de dégainer mon carnet de notes pour relever mes sensations en direct.
Les vins sont présentés bouteilles découvertes et les commentaires sont rédigés le lendemain en fonction de sensations mémorisées lors de cette soirée.



Bienvenues-Bâtard-Montrachet
Louis Carillon et fils à Puligny Montrachet



2009 : charmeur et généreux dès la première approche ce vin est soutenu par une minéralité profonde.
Opulent, flatteur mais encore jeune.

2008 : un vin équilibré et racé avec une acidité franche et noble, une matière riche et grasse.
En devenir mais déjà d’une grande élégance.

2007 : une olfaction plus ouverte (tilleul, craie humide et une pointe finement boisée), une bouche stricte et tendue avec un gras très raffiné.
Une minéralité intense qui commence à parler…et qu’on écoute religieusement !

 

p 005

 

 

 
2006 : une olfaction épanouie sur le tilleul, le citron et le silex, une bouche puissante, tonique et très longuement aromatique.
Regoûté le lendemain, ce vin avait encore gagné en profondeur et en minéralité avec un côté pierreux presque palpable en bouche.
Un Grand Cru ouvert et racé…Magnifique !

2005 : plus évolué au nez avec des arômes de miel et un fruité bien mûr, en bouche, après une attaque confortablement ronde, la minéralité impose sa puissance.
Le lendemain l’équilibre du vin s’était posé avec sérénité offrant une longueur aromatique finale impressionnante
Un vin qui a eu besoin d’une nuit pour montrer sa grandeur…Exceptionnel, mais visiblement encore loin de son apogée !

2004 : un nez précis et fin où on cherche vainement les marqueurs végétaux du millésime, une bouche équilibrée, profonde qui finit sur la fraîcheur et la minéralité.
Le lendemain, la palette aromatique s’est définie davantage avec des nuances de mélisse, de verveine et de citron mûr, le toucher de bouche est resté très minéral et la finale a gardé sa fraîcheur et sa pureté.
Un vin déjà superbe le soir avec une place d’honneur (4° dans mon classement perso)…mais la magie a vraiment opéré le lendemain. MIAM !

 

p 001

 

2003 : un nez ouvert et flatteur sur les fruits jaunes (prune, mirabelle) et quelques épices douces, une bouche gourmande qui se livre avec une grande facilité.
Séducteur…mais peut-être un peu trop !

2002 : un nez complexe, raffiné et d’une grande précision, une bouche parfaite où une minéralité intense et un gras charmeur s’équilibrent à la perfection.
Un grand vin dans la plénitude de ses moyens…Une pure merveille !

 

p 004

 

 

2000 : un nez douteux sur le miel et la compote de pomme, une bouche plate et fatigué qui confirme les craintes…
Oxydation prématurée…Dommage !

1999 : complexité et raffinement au nez (fleurs, tilleul, craie), remarquable d’équilibre et de gourmandise en bouche avec une finale interminable…Parfait !
Comme pour le 2002, plénitude et maturité optimale…une autre merveille !


Pour conclure :

- Jean-Claude fait partie de ces œnophiles qui n’apprécient pleinement leurs vins que lorsqu’ils peuvent les partager entre amis…et je peux dire que ce soir nous étions quelques uns à être très heureux de pouvoir lui faire plaisir…
C’est bien la première fois que je me retrouve face à 10 bouteilles de Grands Crus bourguignons…une expérience rare pour un amateur comme moi.
Merci Hans !

- Hormis le 2000, toutes les bouteilles se sont montrées dignes de leur statut de vin d’exception, mais sur mon podium personnel je placerai sans hésiter et dans l’ordre : le 2002, le 1999 et le 2006 (talonné de près par le 2004)… en fait, avec le 2008 encore jeune mais plein de promesses, je dirai que chez les Carillon, les réussites de la première décennie du XXI° siècle sont à situer dans les années paires…et les 2010 dégustés cet été chez François Carillon ne vont pas déroger à la règle.

- sur cette verticale on a également pu constater que les très grands vins ont vraiment besoin de quelques années de garde pour exprimer leur classe : les vins jeunes sont très beaux (2009 à 2005) mais ils n’ont pas encore cette profondeur et cette complexité qui les rend vraiment incomparables. Les trois bouteilles que j’ai eu la chance de pouvoir regoûter le lendemain me confortent dans cette idée : après quelques heures en bouteilles vidées aux ¾ les vins sont apparus plus ouverts, plus complexes et plus harmonieux.

- malgré tout, cette soirée me laisse un petit pincement au cœur : l’ambiance conviviale et détendue aidant, nous avons finalement très peu parlé de ces vins magnifiques…en tous cas, pas assez à mon goût car je pense que ces aristocrates de la Côte d’Or méritaient une assemblée un peu plus attentive et des échanges un peu plus riches. Dommage, mais bon ne soyons pas rabat-joie, ce fut une magnifique expérience !

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 11:40

LE PFERSIGBERG SELON…



Si depuis le début de mon projet d’étude des Grands Crus alsaciens, le choix de mes étapes bas-rhinoises repose sur le principe d’un tropisme nord-sud à partir de la « Couronne d’Or », celui des terroirs haut-rhinois n’obéit pas du tout à la même logique géographique…et en y regardant de plus près, on constate d’ailleurs qu’il n’obéit à aucune logique car les critères qui orientent mes choix ne sont absolument pas rationnels. Curiosité souvent, amitié quelquefois et parfois, comme c’est le cas pour ce Grand Cru, c’est pour répondre à la sollicitation d’un vigneron qui a manifesté l’envie de travailler avec moi.

Me voilà donc reparti pour une nouvelle aventure en compagnie de Christian Beyer pour tenter de comprendre un peu mieux les secrets du Pfersigberg d’Eguisheim.


 
Pfersigberg 0335 La partie centrale du Pfersigberg au pied du Schlossberg et de ses 3 châteaux.


Bien des choses ont déjà été écrites sur ces terroirs et un angle d’approche original et intéressant est à priori difficile à définir…mais je vais quand même essayer de relever le défi.
Je vous propose de me suivre dans mes ballades personnelles avec un peu de théorie (le socle nécessaire à une bonne compréhension), des documents photographiques et surtout des rencontres avec les vignerons qui travaillent dans ces parcelles classées.
Bon, ça je l’avais déjà dit…mais c’est pour les nouveaux.



Mes dernières étapes sur ma route des Grands Crus se déroulaient dans des villages connus pour être parmi les plus beaux de la route des vins : de Barr, à Mittelbergheim en passant par Niedermorschwihr, je peux dire qu’en tant qu’amateur de beaux paysages et de belles pierres, j’ai été plus que comblé.
Connaissant déjà bien la petite cité d’Eguisheim pour m’y être souvent promené, je sais que la série des sites remarquables ne se terminera pas avec cette 14° étape : je vais encore pouvoir partager avec vous quelques belles émotions dans un très bel endroit...une perspective plutôt réjouissante pour ce début d’année !
Hoppla c’est reparti !

 

Pfersigberg 0239
 

Situé à quelques kilomètres de Colmar, au milieu des collines-sous-vosgiennes, Eguisheim est considéré comme le « berceau du vignoble alsacien ». Ce village de 1600 habitants possède un patrimoine historique, architectural et viticole presque unique dans notre région : classé parmi Eguisheim offre au visiteur une sorte de « concentré » de culture alsacienne.

 

Pfersigberg 0340 Eguisheim vu du Pfersigberg au printemps
 

 

  Comme souvent l’origine exacte du nom du village est incertaine. Dans son livre « La Grande Encyclopédie des lieux d’Alsace », M.P. Urban propose deux hypothèses différentes :
- Eguisheim, qui s’est appelé Aginesheim en 770 puis Eginesheim au X° siècle, fait référence à un certain Egeno ou Egino, un descendant du duc mérovingien Aldaric et peut se traduire par « l’habitation d’Egino ». Par la suite Eginesheim devint Egisheim avant la francisation du toponyme avec l’ajout du « u » après le « g ».
- Eguisheim viendrait du toponyme Aksheim, avec une racine paléo-européenne « Ak » qui désignait « un lieu difficile d’accès, en lisière de forêt ou au pied d’un escarpement ». Le nom alsacien de ce village encore utilisé aujourd’hui par les dialectophones, « Exa », « Exe » ou « Ekse », nous fait penser que cette version est peut-être la plus crédible…

Des vestiges archéologiques trouvés dans les environs d’Eguisheim en 1865 prouvent que ce lieu a été occupé dès le paléolithique : Cro-Magnons, Celtes, Romains se sont succédé dans ce site du piémont vosgien en laissant de nombreuses traces de leur passage (nécropole protohistorique, voies et fortins romains, sépultures mérovingiennes et carolingiennes).
Du temps des Mérovingiens l’Alsace était gouvernée par des ducs dont le plus connu fut Aldaric que la mémoire alsacienne reconnaît comme le père de Sainte Odile (VII° siècle). C’est Eberhard, petit-fils d’Aldaric, troisième duc d’Alsace et neveu de Sainte Odile qui construisit le premier château autour duquel se développa la cité d’Eguisheim.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, certains historiens pensent que c’est à un descendant d’Aldaric que ferait référence le nom du village.
La souveraineté de cette dynastie fut abolie par Pépin le Bref en 754 mais après la dislocation de l’empire carolingien au cours du IX° siècle les comtes d’Alsace reprirent les rênes du pouvoir dans la région. Ils édifièrent les 3 châteaux qui dominent Eguisheim et y résidèrent durant plusieurs siècles.
 

 

En 1002 Bruno (ou Brunon) d’Eguisheim-Dagsbourg naquit dans le château d’Eguisheim, il devint évêque de Toul en 1026 puis pape sous le nom de Léon IX en 1048.

 

545px-Blason Eguisheim.svgLe blason d’Eguisheim : Saint Pierre tenant une clé et un livre fermé…pour rappeler que l’un de ses descendants y est né.

 
Pfersigberg 0253La statue de saint Léon devant le château bas d’Eguisheim

 

D’autres sources historiques prétendent que le seul pape alsacien aurait vu le jour dans le château du haut Eguisheim situé sur le Schlossberg au dessus de Husseren où il reste aujourd’hui les ruines de 3 Châteaux : le Dagsbourg, le Wahlenbourg et le Weckmund.

 

Pfersigberg 0271Les 3 châteaux hauts d’Eguisheim dans l’ambiance brumeuse de l’hiver alsacien…


 
3 chateaux 1297985933
…les mêmes vus d’en haut.
 
Pfersigberg 0248En tous cas, sur les murs du château bas d’Eguisheim le doute historique est évacué…

 

A l’extinction des Comtes d’Eguisheim en 1225, les évêques de Strasbourg devinrent propriétaires du village. Entre 1257 et 1259 le château et le bourg furent fortifiés, Eguisheim fut élevé au rang de « ville » et resta rattachée au Haut-Mundat de Rouffach jusqu’à la Révolution.

 

img039Eguisheim vu du ciel avec le Château bas au centre et la structure concentrique des rues de la vieille ville

 

 

Durant le siècle qui suivit la Révolution Eguisheim connut une phase de prospérité grâce au commerce florissant du vin et c’est au début du XX° siècle (en 1902) que les vignerons d’Eguisheim s’unirent pour créer la première cave coopérative d’Alsace.

 
Pfersigberg 0242La maison Wolfberger à Eguisheim


Souvent saccagé au cours de son histoire plus ancienne, le village d’Eguisheim ne fut pas trop endommagé lors des deux conflits mondiaux du XX° siècle : contrairement à certaines localités voisines presque complètement détruites par les batailles et les bombardements de 1945, Eguisheim a été épargnée et a pu conserver une grande partie de son magnifique patrimoine architectural.

 

Pfersigberg 0268 

Au centre d’Eguisheim…de l’élixir d’Alsace !


Aujourd’hui, ce village pittoresque qui continue de prospérer grâce au tourisme et au vin constitue une autre destination de choix pour tout amoureux de l’Alsace.
Le promeneur féru d’histoire pourra flâner dans les ruelles d’Eguisheim pour admirer ses splendides maisons vigneronnes à colombages datant des XVI° et XVIII° siècles, ses cours dîmières et ses nombreuses fontaines.

   

Pfersigberg 0263Pavées ou non, les ruelles d’Eguisheim restent particulièrement pittoresques.
Pfersigberg 0265

 

 

    
Pfersigberg 0255Un rendez-vous avec l’histoire sur chaque maison du centre
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Pfersigberg 0266La cour dimière de l’abbaye de Marbach

 

 

Il ne manquera pas de s’arrêter devant l’église Saint Pierre et Paul avec son clocher gothique comprenant des parties romanes, son intérieur richement décoré où se trouve une rarissime statue de vierge ouvrante datant du XIII° ou XIV° siècle.

   

Pfersigberg 0257Le clocher et l’intérieur de l’église Saint Pierre et Paul
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2 Eguisheim l Vierge ouvrante 1Dans l’église d’Eguisheim : une vierge ouvrante en bois polychrome


 

Construit en grès jaune de Rouffach, sur la plateforme octogonale qui a conservé une partie de ses enceintes du XIII° siècle, le château des Comtes d’Eguisheim est accessible durant les visites guidées organisées par l’Office de Tourisme.
De style néo-roman, la Chapelle Saint Léon est a été édifiée à la fin du XIX° siècle dans la cour du château sur les fondations du donjon. Elle renferme un reliquaire avec une châsse qui contiendrait une partie du crâne du Pape alsacien béatifié.

 

Pfersigberg 0318Le Château bas d’Eguisheim et la Chapelle Saint Léon édifiés sur la plate forme et les murs d’enceinte du château médiéval.


Le touriste plus sportif pourra mesurer son endurance sur les 12 circuits VTT balisés à travers vigne et forêts sur les collines alentour où alors profiter des possibilités de randonnées dans le massif vosgien autour des 3 châteaux.
Le touriste œnophile pourra s’imprégner du terroir local sur le sentier viticole (une bonne heure de marche) avant de se rendre dans l’un des nombreux caveaux de dégustation pour partager des moments de convivialité avec un vigneron du village.
Le vin est particulièrement mis à l’honneur lors du 3°week-end d’août lors de la fête des vignerons « S’Wenzerfescht » comme on dit par ici…

 

Pfersigberg 0343Suivez le guide…

 
Pfersigberg 0243Beyer, Freudenreich, Ginglinger, Baur, Gaschy, Hertz…plus de 30 vignerons indépendants accueillent les œnophiles dans leurs caveaux.
 

 

 

Au risque de me répéter, je ne peux dire qu’une fois de plus que ce village magnifique est l’un des endroits incontournables (encore un !) pour celui qui veut s’imprégner de l’esprit du vignoble alsacien !


 

 

Le Grand Cru Pfersigberg est situé sur les bans communaux d’Eguisheim et de Wettolsheim. Avec une superficie de 74,55 hectares c’est le Grand Cru le plus étendu après le Schlossberg.

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Bien que son nom d’origine alémanique signifie « colline des pêchers » personne ne peut affirmer que par le passé ce coteau ait fourni des pêches aux citoyens d’Eguisheim…par contre, comme nous le verrons plus loin, la qualité de sa production viticole fut repérée très tôt dans l’histoire du vignoble alsacien.

 

Pfersigberg 0326Vue sur le coteau le plus au nord du Pfersigberg autour du lieu-dit « Sundel »

 

 

Les parcelles sélectionnées dans la délimitation très complexe du Pfersigberg sont réparties sur trois coteaux à une altitude comprise entre 220 et 340 mètres et bénéficient d’une exposition sud-sud/est.
 

pfersigbLe tracé très complexe du Pfersigberg

 

 

Sans atteindre les déclivités de certains Grands Crus adossés directement au massif vosgien le relief du Pfersigberg est assez tourmenté avec des pentes parfois surprenantes.
Dans le secteur du Pfersigberg, le climat est continental et très sec avec des printemps chauds, des étés ensoleillés, des automnes longs et des hivers froids. Les vents dominants d’ouest qui perdent leur humidité sur le versant occidental du massif vosgien gagnent les collines alsaciennes sous forme de foehn : grâce à ce phénomène la région autour de Colmar est l’une des plus sèches de France.

 

Sur le plan géologique ce Grand Cru fait partie des terroirs à base calcaire et classifié par Serge Dubs dans la famille des calcaro-gréseux : ce sont des « sols bruns calcaires sur calcaires du Bajocien et gréseux sur conglomérats calcaires du Muschelkalk » (Les unités de paysage et les sols du vignoble alsacienCIVA).
Situé à l’extrémité nord du champ de fracture de Rouffach le Pfersigberg est constitué de terrasses calcaires recouvertes d’un sol assez caillouteux offrant des combinaisons minérales relativement diversifiées mais dont l’unité repose sur la présence dominante de conglomérats calcaires.
    

Pfersigberg 0319Un affleurement calcaro-gréseux et un pied de vigne sur le coteau nord.
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Pfersigberg 0339Vers les secteurs plus au sud les sols deviennent plus riches et plus profonds.

 

D’après Claude Sittler ces sols sont assez rares dans le vignoble alsacien : composés de « calcaires gréseux ou de grès calcaires (…) ils se réchauffent vite, mais caillouteux, sableux, aérés, microporeux et perméables à l’eau, ils conservent mal la matière organique. ». C’est le type même du terroir « relativement pauvre » que la vigne affectionne particulièrement.

 

Sur le plan historique, on sait que les tribus gauloises installées sur les terrasses qui accueillent les Grands Crus actuels (Eichberg et Pfersigberg) faisaient déjà la cueillette des raisins sur les vignes vierges qui proliféraient dans cet environnement. Les Gaulois ne sachant pas faire du vin, ce sont les Romains qui développèrent la viticulture en ce lieu : la légende prétend que c’est à partir des collines Eguisheim que se répandit la culture du vin en Alsace. En tous cas la présence romaine sur les lieux a été attestée par une tuile découverte en 1900 au pied du Schlossberg (la colline aux 3 châteaux) portant la mention « Prima Legio Martia », relative à un bataillon de légionnaires romains conduits par l’Empereur Dioclétien (284-305).
 

Par la suite, grâce au travail des moines dans les abbayes alsaciennes, la viticulture se développa et se rationalisa. Au XI° siècle les vins d’Eguisheim étaient déjà particulièrement recherchés et au XV° siècle toutes les cours du nord de l’Europe s’enorgueillissaient de posséder du vin ce cette région dans leurs caves.
Les deux lieux-dits classés d’Eguisheim sont identifiés dès le XVI° siècle : des traces écrites datant de cette période, comme des baux entre seigneurs et couvents, citent régulièrement le Pfersigberg comme un terroir de grande valeur.
 

Cette réputation d’excellence perdurera tout au long de l’histoire alsacienne : d’après Claude Muller, au XVIII° siècle la ville d’Eguisheim « jalouse de conserver la réputation que la qualité supérieure de ses vins s’était acquise (…) édicte un règlement portant défense sous peine de 300livres d’amende d’introduire dans la ville d’Eguisheim des vins de Herrlisheim, Pfaffenheim, Voegtlinshoffen et d’autres endroits où les vins sont de qualité inférieure » (« Alsace, une civilisation de la vigne »).
 

Comme partout en Alsace, après un XIX° siècle marqué par une politique très productiviste, la viticulture alsacienne déclina dans la première moitié du XX° siècle avant d’entreprendre une révolution qualitative après la seconde guerre mondiale. Pourtant, dès 1927, les vignerons d’Eguisheim n’hésitèrent pas à mettre à l’honneur le Pfersigberg lors de la première Foire aux Vins de Colmar.
 

Malgré ceci, le Pfersigberg ne fit pas partie des 25 premiers terroirs sélectionnés pour entrer dans l’appellation Alsace Grand Cru en 1983 et les viticulteurs durent attendre le décret du 17 décembre 1992 pour accéder à cette reconnaissance officielle.
 

En tous cas, lorsqu’on mesure la profondeur de l’enracinement historique du vin à Eguisheim on ne s’étonne plus de voir que les vignerons d’aujourd’hui utilisent encore largement le passé riche et dense d’Eguisheim pour communiquer sur leurs prestigieux terroirs.

 


Au niveau de la viticulture, le Pfersigberg est considéré comme un des terroirs d’élection du gewurztraminer : ce cépage occupe plus de 60% de sa superficie. Avec des printemps précoces et d’automnes prolongés ce Grand Cru offre à la vigne de longues périodes de végétation avec la possibilité d’atteindre des maturités idéales. Cependant, sur les secteurs où le sol est moins riche, le riesling a une très belle carte à jouer.
Lorsqu’on se promène sur les coteaux entre Eguisheim et Husseren on constate que la plupart des vignes sont conduites avec le souci de respecter l’environnement. Le désherbage chimique est rare et les rangs sont travaillés en fonction de la nature de la parcelle avec un enherbement dosé selon la richesse du sol.



    
Pfersigberg 0337Deux parcelles sur le coteau sud du Pfersigberg sur les lieux-dits « Vogelgesang » et « Unter Stich »
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Pfersigberg 0320

Une jeune vigne de riesling du domaine Beyer sur le « Sundel » (coteau nord), plantée en haute densité (10 000 pieds/ha)

 

 

Les vins du Pfersigberg ont la réputation d’être généreux chaleureux et accueillants. Certains prétendent qu’ils sont à l’image des 34 vignerons indépendants qui le servent...n’hésitez pas à vous faire une idée en vous rendant sur place, vous ne le regretterez pas.
Le gewurztraminer donne naissance à des vins puissants et suaves qui développent souvent une palette pleine de fleurs (rose, lilas) et d’épices orientales (safran, curcuma, girofle…).
Le riesling se caractérise par une belle vinosité et une charpente solide. Son profil aromatique est plus discret mais très complexe : il n’est pas rare d’y percevoir des notes fruitées (agrumes et fruits à noyau), florales (tilleul, violette), végétales et épicées (poivre, muscade).
Le pinot gris est nettement moins présent sur le Pfersigberg que les deux cépages précédents mais il génère des vins capiteux, souvent moelleux et très aromatiques.

Comme pour de nombreux Grands Crus les vins du Pfersigberg ont besoin d’un peu de temps pour que l’empreinte génétique du cépage et la marque du terroir résonnent en harmonie…après, tout n’est que raffinement, équilibre et complexité…

 

Pfersigberg 0333Une parcelle dans le lieu-dit cadastral « Pfersigberg » situé dans la partie centrale du Grand Cru

 

 

 

 

 

 

 

…CHRISTIAN BEYER

 


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Le Domaine Emile Beyer se trouve sur la place centrale du village en face du château et de la chapelle : cette imposante maison est l’ancienne hostellerie « Au Cheval Blanc » où le célèbre Turenne a passé une nuit à la veille de la bataille de Turckheim en 1674.
En 1837, Antoine Beyer acheta cette auberge pour la transformer en maison vigneronne et implanter le domaine au cœur de la cité fortifiée.
Cinq générations plus tard, Christian Beyer dirige aujourd’hui cette belle exploitation qui a gardé le nom du grand-père « Emile », certainement, pour rendre hommage au travail accompli par cet illustre prédécesseur disparu prématurément, mais sûrement aussi comme un témoignage de ce profond ancrage dans l’histoire que la famille Beyer a toujours revendiqué.

   

Pfersigberg 0252La maison Beyer au cœur d’Eguisheim.
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Ma première tentative pour repérer les limites du Pfersigberg en solitaire s’étant soldée par un échec retentissant (je me suis lamentablement perdu malgré une carte IGN au 25/1000°…), j’ai demandé à Christian Beyer de commencer notre entretien par une promenade dans le vignoble afin de pouvoir découvrir in-situ le découpage extrêmement complexe de ce Grand Cru.

Le soleil printanier est au rendez-vous, les coteaux d’Eguisheim offrent des points de vue magnifiques…quel plus beau cadre pour parler terroir et vins !
 

Pfersigberg 0325Vue sur une partie du vignoble d’Eguisheim à partir du futur « Clos Lucas » sur le coteau nord du Pfersigberg.


Comment définiriez-vous ce terroir ?

Le Pfersigberg est un terroir assez diversifié « le découpage complexe de ce Grand Cru obéit à une logique difficile à expliquer sur un plan purement géologique » même si la roche mère calcaire est présente partout « le calcaire est le trait d’union entre les parcelles du Pfersigberg ». Sur le plan de la chimie les sols de ce Grand Cru sont de nature basique avec des PH assez élevés.
Il y a aussi une unité climatique avérée : le climat « solaire et précoce » se retrouve sur tous les coteaux du Grand Cru.


Christian Beyer identifie 3 zones bien distinctes sur le Pfersigberg, qui correspondent aux 3 coteaux englobés par la délimitation du Grand Cru :
-    le coteau nord : appelé le « Sundel Recke » (le dos du Sundel) est un coteau aux sols assez pauvres et pierreux, traversé au milieu par une faille géologique qui partage le secteur en deux terroirs distincts : côté ouest les sols sont plus calcaires (oolithique) et côté est les sols deviennent calcaro-gréseux (grès calcifié). C’est sur ce coteau que Christian Beyer est en train de créer le « Clos Lucas » dont nous parlerons plus loin.

 

Pfersigberg 0322Grès calcifiés, grès, calcaire oolithique…une collection de pierres datant du Jurassique ramassées dans le pierrier du clos Lucas et identifiés par un géologue
 

 

-    le coteau central qui comprend le lieu-dit cadastral Pfersigberg et les parcelles qui l’entourent est en « proche parenté » avec le coteau nord par sa nature calcaro-gréseuse, même si les sols y sont un peu plus profonds.
-    le coteau sud est plus hétérogène avec des parcelles intéressantes mais une présence accrue de « marnes argileuses » qui rendent les sols plus riches et plus fertiles.

 

Pfersigberg 0332Un secteur calcaro-gréseux assez pierreux sur le coteau central du Pfersigberg.


 

C’est un terroir « avec des secteurs très qualitatifs mais dont l’unité reste cependant difficile à situer »… à l’heure où une directive européenne demande aux vignerons de définir précisément le « lien au terroir » pour les Grands Crus, le cas du Pfersigberg ne sera sûrement pas le plus simple à traiter…
C’est aussi un Grand Cru qui montre que la délimitation d’un terroir classé est une affaire éminemment complexe où le facteur humain ou « politique » peut peser très lourd « initialement on avait déterminé 4 entités géologiques distinctes sur le ban viticole d’Eguisheim : l’Eichberg et les 3 coteaux du Pfersigberg. Mais très vite, l’interprofession s’est rendu compte qu’il valait mieux choisir un regroupement géographique plus large pour pouvoir peser par le nombre dans le combat pour la reconnaissance des Grands Crus »…une démarche fructueuse au bout du compte, même si la questions de la typicité de ce terroir reste encore problématique.


Quels sont les cépages les mieux adaptés ?

« Si le gewurztraminer domine sur le Grand Cru c’est qu’il est le cépage le mieux adapté dans le secteur du Pfersigberg cadastral » : le gewurztraminer se plaît sur ce coteau aux sols calcaro-gréseux assez profonds.
« Je suis convaincu que le coteau nord avec ses sols pauvres et pierreux est un très grand terroir à riesling ». La célèbre cuvée de riesling « Comtes d’Eguisheim » de la maison Léon Beyer qui est produite dans le secteur est de ce coteau en apporte une preuve indiscutable qui, je n’en doute pas, sera confirmée par les premiers vins issus du « Clos Lucas ».
Pour le pinot gris « le Pfersigberg est un terroir trop solaire et très souvent les vins peinent à trouver leur équilibre dans ces conditions ».



Quels caractères spécifiques ce terroir transmet-il aux vins ?

Christian Beyer étant reconnu comme « expert du Pfersigberg » dans les dégustations d’agrément du Grand Cru, je crois que pour une fois l’épineuse question de la définition de l’identité gustative des vins ne va pas poser de gros problèmes à mon interlocuteur…
« Les vins du Pfersigberg ne se distinguent ni par leur puissance ni par leur austérité…sur ce Grand Cru on trouve surtout de l’élégance et de la finesse ».
Les vins se laissent approcher facilement « ils sont ouverts », même si un « côté salin prononcé » peut se manifester en fin de bouche.

Les rieslings offrent des palettes où on retrouve plus souvent des « fruits à noyau comme la pêche de vigne » que les notes d’agrumes, les gewurztraminers sont puissamment expressifs avec une salinité qui dépasse souvent le caractère opulent du cépage pour construire des « équilibres sapides et digestes ».

Pour comparer avec des Grands Crus voisins : « Au niveau du riesling le Pfersigberg s’apparente par bien des points au Vorbourg alors que pour le gewurztraminer on est souvent plus proche du Steinert ».


Y-a-t’il dans votre mémoire de dégustateur des vins qui vous ont aidé à vous faire une image de ce que devait être ce Grand Cru ?

Parmi les belles bouteilles que Christian Beyer a eu l’occasion de déguster il en relève 3 en particulier qui l’ont vraiment aidé à se faire une idée sur le style de vin qu’il avait envie de réaliser sur le Pfersigberg :
- Le Riesling Grasberg 1993 de Deiss : « un vin qui m’a donné une idée précise sur la manière dont le calcaire devait marquer l’identité d’un cru »
- Le Château Yquem 1988 : « qui m’a montré comment un vin très riche pouvait se révéler d’une incomparable élégance »
- Le Riesling Clos Saint Hune 1971 de Trimbach : « dégusté lors d’une séance de rebouchage à la Confrérie Saint Etienne, le côté vivant, frais et la persistance aromatique de ce vin m’ont subjugué »

Pour les vins du Pfersigberg à proprement parler, Christian Beyer n’a hélas plus l’occasion de remonter trop loin dans le temps puisque la collection de l’œnothèque familiale a été presque intégralement détruite par une inondation dans la cave : « les tonneaux flottaient, beaucoup de bouteilles se sont brisées et sur celles restées intactes il n’y avait plus d’étiquette… ».
Ceci dit, même s’il avoue qu’il n’a pas encore tout à fait abouti à ce qu’il recherche, ce jeune vigneron a déjà eu l’occasion de placer quelques jalons hautement qualitatifs dans sa production, notamment dans des millésimes froids « j’ai beaucoup de plaisir à faire du vin sur le Pfersigberg dans les années froides »…et comme nous le constaterons verre en main, 2010 le prouve de façon convaincante.
 

 

 

Comment voyez-vous l’avenir de ce terroir ?

Adjoint au maire, en charge de la culture, des festivités locales et de la communication, vice-président du Syndicat Viticole et membre du bureau de le Gestion Locale du Pfersigberg, Christian Beyer s’implique avec beaucoup de conviction dans une politique de développement de son village, qui reste un facteur-clé pour communiquer sur les vins : « Eguisheim doit être un village accueillant pour les visiteurs mais sans tomber dans une offre touristique excessive qui lui ferait perdre son âme ».
La Gestion Locale du Pfersigberg est un organe dynamique avec une jeune génération de vignerons (entre 30 et 40 ans), qui ont pris les rênes de leur domaine depuis quelques années et qui sont désireux de travailler ensemble.
Le grand nombre d’exploitants présents sur le Grand Cru rend les prises de décisions souvent difficiles. Malgré ceci une charte qualitative plus contraignante que le Décret règlementant les Grands Crus a été adoptée récemment pour les vins du Pfersigberg avec comme mesures emblématiques :
- la suppression du Dépassement du Plafond Limite de Classement (D.P.L.C).
- l’interdiction de la chaptalisation
- l’augmentation du degré minimal à la vendange (12°5 pour les rieslings et 14° pour les gewurztraminers et pinots gris).

Aujourd’hui, même si seulement 45% de la superficie du Pfersigberg est revendiquée en Grand Cru les perspectives d’évolution prêtent à un certain optimisme : lorsqu’on considère la volonté des vignerons pour agir ensemble et la force d’attraction d’un village aussi beau qu’Eguisheim on peut affirmer sans hésiter que le Pfersigberg possède des atouts majeurs dans sa quête de reconnaissance…Confiance !


Les vins du domaine : quelle conception ?

Etablis depuis le XVI° siècle à Eguisheim les Beyer sont une très ancienne famille vigneronne solidement implantée dans la vie politique et économique de cette cité viticole.

 

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Un pressoir du XVIII° siècle dans la cour pavée du domaine.

 

 

Né en 1976, Christian Beyer arrive au domaine familial en 1997, après une formation œnologique en Bourgogne, dans le sauternais au château Rieussec et au Schloss Johannisberg dans le Rheingau. Il prend peu à peu la succession de son père Luc, qui a donné sa dimension actuelle au domaine : en effet, ce « retraité actif » toujours présent aux côtés de son fils, a multiplié les achats de parcelles dans les années 50 et 60 pour faire passer la superficie du domaine de 3 à 17 hectares.
Avec 5 hectares classés en Grand Cru (sur les 17) ce jeune vigneron a la charge d’un beau patrimoine viticole qu’il s’applique à valoriser par d’ambitieux projets de replantation « pour adapter au mieux les cépages aux différents terroirs ».
 

 

Sur le coteau nord du Pfersigberg au niveau du lieu-dit Sundel, Christian Beyer a crée le Clos Lucas en hommage à cet ancêtre qui a acheté des vignes, dont une partie de cette parcelle, après la Révolution Française « un projet de 10 ans qui s’est concrétisé ». C’est une parcelle pentue de 2,5 hectares de riesling, plantée en haute densité (10000 pieds/ha).

 

Pfersigberg 0324Le pierrier et les terrasses du Clos Lucas


L’aménagement de ce coteau calcaro-gréseux bien exposé, où les nuits sont fraîches (grâce à l’air froid qui descende des Vosges à la tombée du jour) a duré 4 années mais le résultat est vraiment superbe : « un bel endroit où prend plaisir à travailler et où nous avons bon espoir de réaliser une grande cuvée de riesling ».


 
Pfersigberg 0326aVue générale sur le clos et ses enrochements.
 

 

 

A l’ouest du coteau nord du Pfersigberg, Christian Beyer a planté une parcelle de Pinot Noir en 2005 « avec des greffons provenant d’une sélection massale du Clos des Epenots à Pommard, j’ai bon espoir de réussir un grand vin rouge alsacien »
 
 

Pfersigberg 0330aLa nouvelle parcelle de pinot noir situé sous l’enrochement et dans le prolongement du Pfersigberg.

 

Au niveau de la viticulture, le domaine Emile Beyer a entrepris une démarche de conversion vers l’agriculture biologique en 2011 : « Depuis 2005 nos pratiques sont proches des exigences du bio et en 2011 nous avons décidé de sauter le pas en revendiquant le label (…) C’est une charge de travail supplémentaire, surtout au plan administratif d’ailleurs, parce que dans les vignes ce n’est pas tellement plus compliqué ». En tous cas Christian Beyer a l’air très satisfait de son choix « on préserve sa santé et celle du consommateur et on retrouve une certaine fierté du travail bien fait ».

Les sols sont préparés en fonction de la nature de chaque parcelle, il y a un apport léger de compost à l’automne et la taille en Guyot simple est pratiquée pour contrôler les rendements : au domaine Emile Beyer on recherche un rendement moyen qui se situe autour de 55 hl/ha pour les cuvées génériques aux environs de 40 hl/ha pour les Grands Crus.
Les vendanges se déroulent sur plusieurs semaines afin de rentrer des raisins sains et mûrs, les pressurages doux et longs sont suivis par un débourbage à froid.

 

Au niveau des vinifications, depuis 2009 et l’achèvement de la nouvelle cave, les vins blancs fermentent et sont élevés en cuves inox et les pinots noirs en barriques bourguignonnes.
Christian Beyer privilégie les fermentations lentes et les élevages en milieu légèrement réducteur « Je suis peu sensible à l’esthétique particulière des vins oxydatifs en Alsace ». Les mises se font au printemps pour les cuvées génériques et au mois de juin pour les Grands Crus et toutes les bouteilles subissent un sulfitage léger : « nous recherchons des valeurs entre 32 et 34 mg/l de SO2 libre dans nos vins finis »
 

 

La production du domaine est écoulée millésime après millésime auprès d’une clientèle particulière très fidèle mais depuis quelques années, la demande à l’export a connu un essor considérable « d’un volume de moins de 10 % on est passé à plus de 35% en 3 ans » surtout avec le développement des marchés U.S., japonais et chinois…à ce rythme il ne va bientôt plus en rester pour nous !

 
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Les nouveaux locaux professionnels du domaine Emile Beyer…espace et esthétique.

 


Et dans le verre ça donne quoi ?

Avant de nous installer dans la « Stube » de l’hostellerie nous partons pour une visite rapide de la nouvelle cave et pour une dégustation sur cuve des jus de 2011.

 

Pfersigberg 0348Une partie de la cuverie dans la nouvelle cave.

 

 

 

Pinot blanc : vif, citronné et floral au nez, il est d’une rondeur très avenante en bouche.
Issu d’un assemblage pinot blanc et auxerrois ce vin est particulièrement séduisant : simple mais très gourmand…une jolie mise en bouche !
Riesling Pfersigberg : l’olfaction est perturbée par des notes fermentaires mais la matière est riche, le gras sensible et l’acidité très élégante, la race du terroir se révèle en finale par une salinité très présente.
Riesling Eichberg : la fermentation marque plus discrètement le nez qui révèle de belles notes de citron confit, la structure en bouche très droite se présente avec moins de complexité que le Pfersigberg.
Ces deux Grands Crus en cours de fermentation possèdent encore une quinzaine de grammes des S.R. que Christian Beyer aimerait voir descendre à 6 ou 7. En tous cas, malgré leur caractère inachevé et leur richesse évidente ces deux vins sont déjà profondément marqués par leurs terroirs respectifs…c’est très bon signe !
Gewurztraminer Pfersigberg : intense et complexe sur le plan aromatique, ce vin en cours de fermentation (avec une malo achevée) étonne par son côté salin très prononcé qui équilibre une matière opulente.
Avec des raisins rentrés à 16°5 cette cuvée devra encore perdre quelques grammes de S.R. pour trouver sa véritable identité. En tous cas, on sent d’ores et déjà que le Pfersigberg commence à imprimer sa force minérale sur ce vin…MIAM !
Pinot gris Hohrain V.T. : le nez s’ouvre sur une légère réduction avant de livrer une palette bien mûre avec des notes fumées, grillées et confites, la bouche est ample et généreuse mais la finale acidulée apporte une pointe de fraîcheur très élégante.
Le Hohrain se trouve dans le secteur central du Pfersigberg mais sur un versant nord non-classé Grand Cru : c’est un terroir comparable à celui du Pfersigberg mais avec un côté plus frais…un endroit tout trouvé pour chercher des équilibres sur des matières riches comme ce pinot gris.

 

Pfersigberg 0349La nature du sol ayant demandé une profonde excavation avant construction, l’espace de stockage sous la cave est d’un volume impressionnant : il peut contenir la production de 5 millésimes.


Pour terminer cette longue visite nous retournons donc dans la maison du centre-village pour déguster quelques vins en bouteilles.
 

Pfersigberg 0353La « Stube » où sont accueillis les visiteurs du domaine Beyer.


 

En guise de mise en bouche nous commençons par un Pinot Gris L’Hostellerie 2010 : le nez est complexe avec de discrètes notes de fruits jaunes, de fumée et de pierre chaude, la bouche allie onctuosité et fraîcheur.
Cette cuvée de la gamme « Hostellerie » (allusion à l’histoire du domaine mais aussi clin d’œil aux restaurateurs…) est un pinot gris très séduisant où l’acidité caractéristique du millésime résonne harmonieusement avec une matière généreuse (10 g de SR)…voilà un très beau vin qui confirme une fois de plus que 2010 est une année magique pour ce cépage.


  Pfersigberg 0354

 

 

Nous revenons vers notre sujet principal avec une dégustation verticale de Riesling Pfersigberg :

2010 : le nez est fin, racé et complexe, acacia, pêche et herbes aromatiques, l’attaque en bouche est tout en suavité mais très vite une acidité bien large et une puissante salinité s’imposent pour donner un côté très tonique à l’ensemble.
Quelle classe, quelle distinction, quel vin ! J’ai l’impression que l’on est en présence d’une cuvée majeure sur ce millésime…qu’on se le dise !


2009 : le nez est ouverte et complexe sur la pomme golden, l’abricot, les herbes aromatique avec quelques notes pierreuses, la bouche est ample et riche avec un équilibre très gourmand mais une finale un peu moins longue que sur le 2010.
Voilà un vin qui se présente comme une friandise : on ne retrouve  pas la profondeur du grand 2010 mais le charme opère de façon irrésistible. MIAM franc et direct !

 

p 003Un grand séducteur au tarif actuellement…

 

 

2008 : le nez est plein de distinction et de race avec des notes délicates de miel d’acacia, de pêche et une touche d’herbes aromatiques, la bouche est parfaitement équilibrée, il y a du gras, une acidité fine mais bien longue et une minéralité très affirmée en finale.
Ce superbe riesling porté aux nues par la critique œnophile (17/20 au B.D. et Coup de cœur Hachette) n’est hélas plus en vente au domaine. Mais on se consolera sans peine avec le 2010 qui marche dans ses traces et qui sera bientôt au tarif. A bon entendeur…

2007 : le nez est discret et subtil sur un registre plus floral, en bouche tout n’est que distinction et élégance avec une structure construite autour d’une acidité ténue mais longue et persistante.
Ce vin de dentelle avec une matière apaisée et élégante montre une classe et une retenue toute aristocratique…un compagnon de haute gastronomie.

2005 : le nez est mûr sur le miel de sapin et le coing frais, la bouche présente un joli gras et une acidité très fine dans le style de celle du vin précédent mais la salinité finale se manifeste avec plus d’intensité.
Ce riesling ressemble au 2007 mais se distingue par une patine supplémentaire qui le rend encore plus élégant et qui me fait penser qu’il a atteint son optimum de maturité.

2004 : le nez est épanoui sur des fruits à noyau bien mûrs, la bouche est dense et concentrée avec un moelleux flatteur (10 g de SR) mais la finale n’a pas la marque minérale des cuvées précédentes.
Un riesling plus gourmand que racé mais qui se distingue par la plénitude de sa chair qui lui donne un côté très plaisant et facile d’accès.
 

 

2002 : le nez est discret et très complexe avec une retenue pleine de classe qui évoque un peu le style du 2007 ou du 2008, on y sent un fruité encore bien frais et quelques notes de zeste, en bouche l’équilibre est tonique avec une acidité fine et précise et une finale longue et saline.
Un riesling étonnant de jeunesse et de fraîcheur à savourer aujourd’hui, mais nul besoin de se précipiter, ce vin a encore de la ressource.

2000 : le charme ‘un fruité mûr complété par quelques notes de résine opère immédiatement et rend l’olfaction particulièrement séduisante, la bouche n’est pas en reste avec sa matière concentrée tendue par une acidité fine et sa finale très sapide sur le pomelo.
Ce riesling laisse une belle impression de plénitude et de sérénité…voilà un beau vin de méditation pour finir cette série.

 

Pfersigberg 0357Le dernier carré de rieslings


L’après-midi étant déjà bien avancée l’heure du retour obligé vers Strasbourg approche mais Christian me propose néanmoins de faire une dernière petite remontée dans le temps avec un quatuor de Gewurztraminer Pfersigberg :

2008 : le nez est expressif mais très aérien avec un fruité mûr et des belles notes florales, la bouche est opulente mais la puissante salinité qui soutient la finale donne une belle impression de vivacité à l’ensemble.
Issu d’une vigne située sur la calotte sommitale du coteau du Sundel (au dessus du futur Clos Lucas) ce vin moelleux (44g de SR) mais profondément minéral laisse une superbe impression d’harmonie en bouche. MIAM !

2005 : le nez est intense, presque explosif, on y perçoit une fruité bien mûr et une touche de pain grillé, la bouche est généreuse, gourmande avec une texture très caressant et une finale suave et complexe relevée par de discrètes notes épicées.
Arrivé à maturité, ce vin puissamment expressif est une vraie friandise qui n’aura aucune peine à séduire un large public mais qui trouvera aussi sa place à table surtout en compagnie de saveurs exotiques.
 

 

2000 : le nez est d’une fraicheur étonnante même si les arômes fruités ne tiennent pas excessivement longtemps, la bouche est ample et bien ronde avec une finale délicatement mentholée et légèrement épicée.
Après le 2005 très démonstratif nous revenons vers davantage de raffinement et d’élégance avec ce gewurztraminer qui semble néanmoins avoir un peu dépassé son optimum de maturité.

1997 : le nez est époustouflant de complexité et de raffinement, miel de sapin, bois de réglisse, lavande, jasmin… la bouche est fraîche, longiligne mais bien tenue par une fine trame saline, la finale se prolonge avec une ouverture aromatique exceptionnelle.
Quelle jeunesse, quelle race...un vin d’une beauté rare qui montre que sur certain millésimes le potentiel de garde des Pfersigberg dépasse allègrement la décennie ! Que dire de plus ? Rien, silence et recueillement…et fin de série en apothéose !


Pfersigberg 0362  Quatuor final et apothéose...

 

 

Pour conclure, un petit bilan sur cette quatorzième expérience de visite approfondie d’un terroir Grand Cru (attention je risque de me répéter…) :

- J’ai renforcé ma conviction qu’une bonne compréhension d’un vin passe évidemment par la dégustation mais s’enrichit considérablement si on fait la démarche d’aller sur place, sentir l’énergie des terroirs où il naît et rencontrer les gens qui le conçoivent…je ne boirai plus jamais des Pfersigberg comme avant !

- Cette quatorzième étape sur la route des  Grand Cru m’a mis en présence d’un terroir très compliqué à étudier : issu d’un découpage qui a plus tenu compte des enjeux humains que des points de convergence d’ordre physiques et géologiques, le Pfersigberg aura surement quelques difficultés a communiquer sur son unité mais il n’en reste pas moins qu’il permet à quelques talentueux vignerons d’Eguisheim de sortir régulièrement des cuvées dont la haute valeur qualitative justifie pleinement sa place parmi l’élite alsacienne.

- Tout en élégance et d’une tenue presque aristocratique les vins du Pfersigberg se distinguent par des palettes complexes et raffinées et des présences en bouche pures, longilignes et soutenues par une acidité fine, ondulante mais qui équilibre leur structure sans la tendre excessivement…pas d’excès de force ou d’excentricité mais souvent une classe incontestable !

- Avec la récente construction de locaux professionnels spacieux et fonctionnels, le superbe projet de Clos sur le Pfersigberg dont on pourra goûter les premiers vins dans quelques années et le passage en viticulture biologique on peut dire que Christian Beyer a tout mis en œuvre pour se donner les moyens de ses ambitions…dans de telles conditions la réussite est presque inéluctable et, pour tout dire, amplement méritée !
Christian Beyer est un vigneron cultivé, impliqué dans la vie de son village et profondément convaincu de la grande valeur des terroirs d’Eguisheim : sa passion et sa générosité sont une véritable bénédiction pour tout œnophile curieux et désireux d’apprendre…Quelle belle rencontre !

Merci pour cette journée mémorable.


 

Pfersigberg 0338Les 3 Châteaux, Husseren et la partie sud du Pfersigberg.




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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 13:38

 
Après une soirée mémorable en 2011 dans ce même établissement, je n’ai pas hésité un seul instant à braver l’habituelle fatigue qui affecte tout bon fonctionnaire de l’Education Nationale après deux semaines de vacances, pour réserver ma place à l’hôtel-restaurant La Source des Sens qui organisait un repas dégustation autour des vins des domaines Rietsch de Mittelbergheim et Kreydenweiss d’Andlau.
Avec François Machi, un sommelier passionné, au tire-bouchon et Pierre Weller, un chef créatif, aux fourneaux, ces soirées s’annoncent toujours sous les meilleurs auspices et méritent largement le sacrifice de cette interminable traversée nocturne de l’Outre-Forêt qui nous emmène jusqu’au village thermal de Morsbronn-les-Bains.
Comme à l’accoutumée, François Machi a invité les vignerons pour partager le repas des convives en présentant et commentant leurs vins : pour ce soir, les maîtres de cérémonie s’appellent Antoine Kreydenweiss et Jean-Pierre Rietsch…j’ai comme l’impression que à va décoiffer un peu autour de la table et dans nos verres !


 
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Alléchant, non… ?
 

 

Les vins sont dégustés bouteilles découvertes.

 

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Une tablée encore bien sage à l’heure de l’apéritif…


 

A l’apéritif :


 
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Mini club sandwich maison bouchée boudin-œuf de caille en guise de mise en bouche.

 

Crémant Extra Brut 2009 – Domaine Rietsch : le nez est fin et très engageant sur les fruits blancs (poire William) avec un soupçon de craie humide et de brioche fraîche, il y a beaucoup d gras et de chair en bouche, la bulle est fine mais bien tonique, la petite amertume confère une jolie digestibilité à l’ensemble.
Jusqu’à présent je n’ai pas encore connu de coup de cœur pour des crémants non-dosés, mais avec cette cuvée issue d’un assemblage à dominante auxerrois complété par du chardonnay et une pointe de pinot gris, je suis sous le charme : flatteur, gourmand et particulièrement digeste…tout ce qu’on demande à un vin d’apéritif !


 
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Pour accompagner les Saint Jacques françaises grillées, carpaccio de betteraves crues et cuites, émulsion à l’oseille :

 

 

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Riesling Brandluft 2010 – Domaine Rietsch : le nez est discret sur un registre exotique très frais (lime et carambole), en bouche l’acidité qui se montre assez épineuse à l’attaque se fond progressivement dans une matière longiligne et élégante. La finale se prolonge avec de beaux arômes citronnés.
Riesling Clos Rebberg 2008 – Domaine Kreydenweiss : le nez plus ouvert et plus intense montre immédiatement sa belle palette sur le miel de fleurs et les fruits blancs mûrs, la bouche est bien en place, assise sur une acidité franche et très large elle développe une matière riche et complexe.
Issus de millésimes et de terroirs différents (le Brandluft est à dominante argilo-calcaire alors que le sous-sol du Clos Rebberg est composé de schistes de Villé), ces deux rieslings réagissent très positivement avec le plat. Les saveurs sont en harmonie et les acidités se transforment de façon spectaculaire : celle du Rebberg se tend davantage alors que celle du Branluft s’harmonise…en tous cas, accord majeur pour les deux !

 


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Pour accompagner le Bar côtier rôti, raviolis de daube de bœuf à la coriandre, jus acidulé et huile de thym :


Trop occupé à humer les 2 superbes vins présentés…j’ai oublié de prendre une photo du plat !


Riesling G.C. Kastelberg 2008 – Domaine Kreydenweiss : le nez est relativement discret mais très élégant avec des notes pierreuses et finement épicées, la bouche est très verticale avec une acidité précise et droite et une finale longue où la complexité aromatique s’exprime plus nettement.
Riesling G.C. Zotzenberg 2009 – Domaine Rietsch : le nez est fin et discret avec une touche de miel, du citron mûr et un léger vanillé, la bouche est bien détendue, il y a du gras et de la souplesse et une belle salinité qui attend la finale pour se manifester.
Voilà deux grands crus presque voisins qui se présentent à nous avec des personnalités très différentes mais qui tiennent pleinement leur rang d’aristocrates du vignoble alsacien par leur classe et leur noblesse…MIAM !!!
Dès l’arrivée du plat le fumet qui se dégage de l’assiette et les effluves aromatiques des deux vins résonnent en harmonie et, comme prévu, le passage en bouche se caractérise par l’évidence d’un accord gastronomique magistral…superbe !

 

 

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Pour accompagner le Filet mignon de veau rôti, poêlée de rattes et côtes de blettes, réduction de vin rouge :
 

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Pinot Gris Clos Rebberg 2007 – Domaine Kreydenweiss : le nez est mûr et flatteur avec des arômes de raisin sec et de frangipane, en bouche une matière grasse et soyeuse enveloppe le palais pour laisser une belle impression de plénitude en finale.
Pinot Gris 2010 – Domaine Rietsch : le nez est séduisant sur le miel d’acacia complété par des notes florales très complexes, la bouche révèle une matière équilibrée et une très belle tension en finale.
Ces deux vins toujours bien différents montrent combien le pinot gris est un cépage gastronomique par excellence : le Clos Rebberg se présente avec une personnalité très aboutie et joue la caresse sur les textures moelleuses de ce plat, le pinot gris encore un peu fougueux fonctionne sur un autre registre, plutôt en rupture, mais son côté « terrien » lui permet de fonctionner parfaitement…Etonnant !


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Pour changer de couleur :

Pinot Noir Vieille Vigne 2010 – Domaine Rietsch : le nez est très gourmand avec des arômes de bonbon acidulé et de framboises écrasées et de bonbon et acidulé, la bouche est gouleyante et juteuse, la longueur et la profondeur ne sont pas exceptionnelles mais la fraicheur de l’équilibre est tout à fait réjouissante.
Ce joli vin rouge vinifié sans soufre passe facilement sur ce plat mais l’accord est moins intéressant que celui réalisé avec les deux pinots gris. Il n’en reste pas moins que cette bouteille fera merveille pour ripailler entre copains…à siffler à grande lampées et sans retenue !


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Pour accompagner le Brie de Meaux glacé :


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Sylvaner Ni vu ni connu 2007 – Domaine Rietsch : le nez est intense et atypique avec des notes de fruits secs (noix, noisette, amande torréfiée) et d’épices, la bouche où on sent une matière confortable sur un équilibre très pointu laisse persister longtemps ces arômes complexes et inattendus.
Ce plat et ce vin tout à fait excentriques nous emmènent loin des sentiers battus gustatifs dans une association qui peut heurter les palais trop formatés. Mais avec des registres aromatiques qui se répondent et des matières qui interagissent pour créer une véritable synergie je pense qu’on s’approche d’une forme de perfection !


 
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Un sylvaner Zotzenberg 2007 après un élevage oxydatif de 3 ans et demi…sensations fortes assurées !
 


Pour accompagner la Fraîcheur exotique, feuilleté de coco, cylindre d’ananas rôti et espuma de vanille, sorbe rhum à la menthe :
 

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Riesling G.C. Wiebelsberg V.T. 2007 – Domaine Kreydenweiss : le nez est très mûr, presque confit, le gras et la richesse en bouche donnent une impression de sphéricité mais en finale l’équilibre s’affine et la matière gagne en digestibilité tout en restant profondément aromatique.
Muscat VT 2007 – Domaine Rietsch : le nez est expressif et épanoui, agrumes bien mûrs, mandarine confite et fleur de sureau composent une palette très gourmande, la bouche est délicatement moelleuse avec un équilibre fin et léger.
Avec ce muscat exubérant mais léger et ce riesling concentré et profond nous avons deux beaux vins moelleux qui prouvent que les vins d’Alsace peuvent se montrer tout à fait à leur aise sur des desserts à base de fruits…MIAM !
 

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Pour accompagner les Mignardises :

Curieusement, à l’heure où on pense généralement à commander des cafés, l’ambiance s’est brusquement enflammée et les bouteilles ont commencé à arriver sur la table par vagues de 2 ou de 3…Antoine, Jean-Pierre et François se relayant pour faire des aller-retour entre la cuisine et la salle et revenant les bras chargés de flacons. Etant le seul de la tablée à ne pas avoir prévu de rester à l’hôtel pour la nuit, la perspective d’un prochain retour vers Strasbourg en voiture (sans chauffeur…) m’avait conduit à user du crachoir depuis quelque temps, j’ai donc sagement continué sur ma lancée ce qui ma permis de déguster rapidement de belles petites perles comme les deux rouges sudistes du domaine Kreydenweiss (« Perrières » et « K »), le sylvaner « Nature », le Klevener de Heiligenstein « Nature » de Jean-Pierre Rietsch et quelques autres dont j’ai oublié le nom…

Fatigué, mais content !
 

 
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Les bouchons des deux domaines, auteurs d’un sans-faute sur la série de ce soir
 

 

 

Pour conclure :

- Ce retour sur cette belle soirée conviviale, animée et particulièrement riche sur le plan gustatif m’invite avant tout à redire ma gratitude à ceux qui ont contribué à la réussite de ce repas : le chef Pierre Weller, son sommelier François Machi et les deux vignerons Antoine Kreydenweiss et Jean-Pierre Rietsch.

- Les associations gastronomiques proposées ont toutes très bien fonctionné malgré l’originalité de certains plats ou de certains vins : du mariage convenu mais toujours réjouissant entre riesling et saveurs marines, à l’association plus étonnante entre une viande et des pinots gris pour arriver à cette incroyable synergie entre le Brie glacé et l’OVNI de Rietsch…on est allé très loin dans la recherche d’harmonies gustatives avec des vins d’Alsace…Bravo !

- Pour le coup de cœur vinique je choisirai sans hésiter le riesling Kastelberg 2008 d’Antoine Kreydenweiss, encore jeune mais déjà grand, mais je n’oublie pas le pinot gris 2010 et le crémant de Jean-Pierre Rietsch, deux bouteilles qui m’ont vraiment bluffé : en général peu enclin à m’enthousiasmer pour un pinot gris ou un crémant non-dosé, je dois reconnaître que je me suis laissé séduire complètement par ces deux vins au charme dévastateur.

- Une fois de plus, je terminerai par le réjouissant constat que nous avons beaucoup de chance en Alsace de pouvoir compter sur des vignerons comme Antoine ou Jean-Pierre toujours prêts à communiquer et échanger sur leurs vins et un sommelier comme François, débordant d’énergie et de créativité pour nous inviter à les accompagner dans des aventures gastronomiques exceptionnelles.

Mille mercis à tous !

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 12:44


Comme je ne suis pas le dernier à fustiger l'intégrisme de ces pisse-froid prohibitionnistes qui interdisent toute allusion au vin dans la sphère publique pour éviter que la France ne devienne une nation d’ivrognes, je suis très heureux de constater que la BD continue de défier l'actuelle bien-pensance hygiéniste.

C’est avec un certain étonnement, mais surtout avec un grand plaisir, que j’ai parcouru le magazine « ZOO » de la FNAC, qui consacrait un long article sur cette vague de rouge et de blanc à 12° qui déferlait sur la production du neuvième art.

 

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On y parle des précurseurs mangas « Les Gouttes de Dieu » ou « Sommelier » mais aussi du succès des  « Ignorants » ou de  « Château Bordeaux » dont le tome II vient de sortir avec une intrigue qui se noue lentement, des vignettes toujours aussi soignées et un invité de marque en la personne de Michel Rolland himself...

 

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Amis oenophiles, gardons l’espoir…tout n’est pas perdu !

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 17:44

 
Comme mes nombreux vagabondages en terre viticole me conduisent à acheter de plus en plus de vin mais que la sagesse due à mon âge avancé me recommande un peu de continence dans ma consommation alcoolique…je me suis vu dans l’obligation de convier quelques gosiers pentus mais raffinés pour m’aider à libérer un peu de place sur les rayonnages de ma cave.
Le principe est simple : on descend dans la cave, on prélève quelques quilles, on débouche et on trinque.
Cette première édition a vu le passage de vie à trépas de 7 flacons.

La dégustation fut conviviale, sans prise de tête et, une fois de plus, sans papier nis stylo....
Il ne me reste que quelques impressions notées le lendemain pour rédiger ce petit compte-rendu.


Muscadet de Sèvre et Maine Tradition Stanislas 2002 – M. Luneau à Mouzillon : une complexité et un gras en bouche qui surprennent mais une belle salinité finale.

Un muscadet qui peut dérouter mais qui montre les vraies potentialités d’un terroir largement méconnu.

 

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Riesling G.C. Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2002 – Domaine Mochel à Traenheim : douteux au nez et très fatigué en bouche.
J’ai goûté cette cuvée déjà bien plus âgée sans trouver une évolution aussi avancée…une bouteille défectueuse sans aucun doute. Dommage !

 

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Riesling G.C. Moenchberg 2000 – Domaine des Marronniers à Andlau : la robe trahit une certaine évolution, le nez est expressif sur les agrumes mûrs, la bouche manque un peu de tonus.
Avec un millésime qui n’a pas été simple et le terroir du Moenchberg qui ne réussit pas systématiquement au riesling, nous sommes bien forcés de constater que dans de telles circonstances, une garde de plus de 10 ans peut s’avérer très risquée…

Meursault 1° Cru Goutte d’Or 2006 – Domaine Buisson-Charles à Meursault : discret et très fin au nez ce vin emplit la bouche avec un toucher très gras, une matière fruitée très gourmande et une finale tonique et dotée d’une très belle persistance aromatique.
Après deux blancs alsaciens en petite forme ce Meursault brille de toute sa classe et remporte un quasi plébiscite auprès des dégustateurs présents.

Vin de pays blanc 2009 – Domaine Dupere-Barrera à Carnoules : le nez s’exprime avec une belle intensité sur un registre original et complexe, presque un peu baroque (agrumes confits, épices, vanille, encens…), la bouche vive et superbement équilibrée est très gourmande, la finale est étonnante de longueur.
Ce vin qui n’est pas au tarif a été qualifié par Laurent Barrera de « Concept Wine » est un assemblage de rolle, d’ugni blanc et d’un troisième cépage dont j’ai oublié le nom (vermentino ? grenache blanc ?). Ce vin a évidemment segmenté l’assemblée mais en ce qui me concerne ce fut une des belles surprises de la soirée et j’espère que cette cuvée trouvera sa place au tarif du domaine dans les millésimes à venir.

Riesling G.C. Altenberg de Begbieten S.G.N. 2000 – Domaine R. Schmitt à Bergbieten : le nez embaume les agrumes mûrs avec quelques notes grillées sur un fond minéral très présent, la bouche est riche et suave avec une finale ou la salinité du Grand Cru se montre avec élégance.
Un riesling SGN sur un terroir classé avec plus de 10 ans de vieillissement…ça peut vraiment être très bon ! Heureusement, car après 2 premiers Alsace en demi-teinte, il fallait vraiment une bouteille qui rassure un peu…on n’est pas chauvins mais quand même !

Riesling Pflaenzerreben 2002 – Domaine Rolli-Gassmann à Rorschwihr : le nez est splendide, il s’exprime avec précision et finesse sur des notes de fruits jaunes frais et de craie, la bouche gagne encore en complexité aromatique et s’épanouit avec un équilibre gourmand et une finale longue et digeste.
Choisie par Stéphane lors d’un ultime passage en cave, cette bouteille magnifique est la gagnante de la soirée : après une dizaine d’année de garde, le terroir argilo-calcaire de cette parcelle du Pflaenzerreben prend le dessus pour équilibrer la richesse de la matière…du grand art !

 

Bouteilles 0322

 
Pour conclure :

- cette petite session a débuté par une surprise, occasionnée par l’étonnant muscadet apporté par Stéphane – qui a refusé de se plier à la règle en ne venant pas les mains vides…carton jaune ! – pour finir sur une quille exceptionnelle, le riesling de Rolli-Gassmann. Entre ces deux bornes temporelles, il faudra retenir les belles prestations du Meursault qui monte sur la seconde marche du podium, très près du riesling et de l’inclassable vin blanc des Dupere-Barrera qui a divisé le groupe mais qui a trouvé quelques ardents supporters dont je fais évidemment partie.

- convivialité, bonne humeur, quelques belles bouteilles débouchées et un peu de place gagnée dans ma cave : cet apéro-vin a tenu ses promesses, pour moi du moins…
Je pense que me cave s’ouvrira encore l’une ou l’autre fois en 2012…à bon entendeur, salut !

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 08:09

Pinot Gris Grand Cru Sommerberg-Les Terrasses 2008 – Domaine de l’Oriel à Niedermorschwihr

Robe : jaune citron, très lumineux.
Nez : la palette est d’une gourmandise absolue, suave et raffinée on y découvre tour à tour des fruits jaunes et des fleurs sur un fond un peu résineux.
Bouche : la matière opulente donne une impression de sphéricité parfaite qui envahit le palais avant de finir par une structure plus pointue qui donne un aspect frais et tonique à la finale.
La générosité de ce coteau pentu et exposé plein sud se ressent dans la richesse de la matière mais le terroir granitique et sa minéralité si particulière se montre de plus en plus…même si ce vins est déjà plein d’attraits aujourd’hui, dans quelques années son équilibre sera proche de la perfection.

 

 

Le Bourboulenc de Nega Saumas 2007 – Domaine Supply-Royer à Arboras

Robe : jaune d’or très brillant.
Nez : intense et complexe il développe une palette très expressive sur le citron vert, les épices orientales et quelques discrètes évocations vanillées.
Bouche : la bouche se montre très généreuse avec une attaque marquée par un joli gras et une acidité qui s’élargit dès le milieu de bouche pour faire dominer une belle impression de fraîcheur en finale, le sillage aromatique sur la menthe poivrée et le laurier est de toute beauté.
Après la virulence d’une jeunesse un peu démonstrative ce Bourboulenc arrive doucement à maturité : un vin blanc sudiste dans sa structure et son registre aromatique trouve peu à peu son équilibre pour nous combler de bonheur. MIAM !!!

 

 

Merlot 2005 – Domaine Xhoda à Lunder

Robe : rubis dense avec une frange très légèrement dégradée
Nez : moyennement intense mais bien complexe, il s’ouvre sur des notes d’amande fraîche avant de s’épanouir sur une belle collection de fruits noirs (cassis, griotte…).
Bouche : l’attaque est souple avec une texture où des tanins très fins apportent beaucoup de soie, le développement est ample et révèle une belle vinosité, la finale de longueur moyenne laisse persister des arômes de cacao amer et quelques notes végétales bien agréables.
Produit sur des coteaux au sud de Tirana, ce Merlot qui se distingue par son charme direct et immédiat s’est laissé boire avec facilité et plaisir. Grâce à une condisciple albanaise de mon fils ainé, qui a eu la bonne idée de me rapporter ce flacon, j’ai pu faire cette première rencontre réussie avec un vin d’un vignoble complètement méconnu…Dépaysant !

 

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Une étiquette qui fait voyager...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 23:13



Je connais un peu les vins signés « Paul Blanck » parce qu’ils font régulièrement partie des séries sélectionnées par Thierry Meyer pour les dégustations organisées sous l’égide de l’Oenothèque Alsace (Masterclass ou dîners thématiques), en revanche je n’ai encore jamais eu l’occasion de visiter ce domaine.
Bien évidemment lorsque Stéphane m’a proposé de me joindre à lui pour passer une après-midi à Kientzheim en compagnie de Philippe Blanck je n’ai pas hésité une seconde…malgré un emploi du temps familial un peu chargé (comme souvent le week-end) j’ai pensé qu’il ne fallait pas rater pareille occasion !
Grand bien m’en a pris car le programme prévu pour cette séquence de dégustation était somptueux : une horizontale sur le millésime 2011 en cours d’élevage, une verticale de riesling Schlossberg et une verticale de pinot noir « F »…comment résister !

Nous débutons notre visite par une petite sortie à la périphérie du village, au pied des Vosges et face aux coteaux du Schlossberg, du Furstentum et du Mambourg. Dans un froid polaire, Philippe Blanck nous propose une brève leçon de géologie vosgienne pour nous présenter les prestigieux terroirs autour de Kientzheim que sa famille travaille depuis plusieurs siècles. A l’aide d’une carte nous repérons les différents secteurs du Schlossberg, l’Altenbourg et le Fustentum qui jouxtent le village, enfin le Mambourg coiffé de son cimetière militaire (c’est là que fut tournée la scène finale du film « Indigènes » d’ailleurs).

 

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Mes doigts étant trop engourdis par le froid pour manipuler un appareil photo vous devrez vous contenter d’un plan pour situer quelques uns des les différents terroirs travaillés par la famille Blanck.


Avant de regagner le caveau de dégustation situé au centre de Kientzheim, le vigneron nous invite à le suivre dans ses vastes locaux professionnels situés à l’extérieur de la vieille ville pour découvrir une partie des différentes cuvées produites en 2011.
Avec une surface totale de 36 hectares dont 12 de Grands Crus et 12 sur des lieux-dits non-classés mais hautement qualitatifs, ce domaine de possède un superbe patrimoine de terroirs. Pour les mettre en valeur, les pratiques viticoles sont très exigeantes et éco-responsables : enherbement depuis 1980, travail intégral du sol, pas de pesticides et pas d’engrais.
Après des vendanges 100% manuelles les raisins sont pressés en douceur et restent sur lies fines jusqu’à la mise. Les Crus (lieux-dits non-classés) et Grands Crus du domaine Blanck séjournent en foudres durant une année.
Les Crus et les Grands Crus sont gardés durant deux ans en bouteille avant d’être commercialisés.

Les cuvées classiques 2011 sont élevées en cuve inox pour garder leur expression fruitée ; cette gamme constitue la plus grande partie du volume à l’export.
La cuvée de pinot blanc originaire des vignes de Kientzheim encore nettement fermentaire au nez (banane) possède une chair très gourmande, la cuvée issue des vignes de Katzenthal se montre plus vive. Voilà deux vins qui vont parfaitement se compléter dans l’assemblage final.
Le pinot noir  révèle une robe brillante et bien colorée, son premier nez est marqué par une petite réduction mais s’ouvre très rapidement sur un fruité expressif , la bouche est légère et particulièrement gourmande.
Le riesling se montre droit, précis et bien frais en finale.
Le chasselas possède un nez bien ouvert sur la pomme golden mais reste un peu serré et austère en bouche.
Le muscat est remarquable de fruit et d’équilibre : cet assemblage de 60% de muscat ottonel et de 40% de muscat d’Alsace qui provient pour 2/3 du volume de parcelles situées en coteau allie une structure très verticale avec un profil aromatique complexe et aérien…superbe !

Constatant que le froid commence à avoir raison de notre résistance physique (il fait à peine 0° dans la cave) Philippe Blanck nous propose de déguster rapidement quelques vins de terroir avant de rejoindre le caveau.
Le riesling G.C. Sommerberg déjà bien expressif au nez surprend par sa présence minérale très tactile en bouche.
Le gewurztraminer Altenbourg livre une palette aromatique primaire très intense et développe une structure ample et charnue en bouche.
Le pinot gris Patergarten est riche et gourmand tout en gardant une finale bien verticale.
Le riesling Patergarten encore très retenu sur le plan olfactif est particulièrement tendu en bouche mais développe de beaux arômes de pamplemousse en finale.
Le riesling G.C. Schlossberg 1 développe un registre complexe et raffiné sur les agrumes, la fumée, la pierre à feu, en bouche minéralité et gourmandise cohabitent paisiblement…un potentiel évident !
Le riesling G.C. Schlossberg 2 semble plus ouvert au nez mais reste plus austère en bouche malgré un fond fruité pur et discret.
Face à ces deux crus si différents dans leur prime jeunesse, les frères Blanck s’interrogent sur la possibilité de proposer deux cuvées distinctes sur le Schlossberg 2011…wait and see !
 

 

Ce tour d’horizon forcément incomplet (la gamme compte près de 30 références) nous donne un aperçu assez précis des caractéristiques de ce millésime au domaine Paul Blanck : des arômes purs et charmeurs sur des matières amples mais toujours bien droites dans leur équilibre...Grand MIAM général !


Même si les cuvées 2011 dégustées dans la cave avait un joli goût de revenez y, le retour au caveau fut unanimement apprécié : la chaleur douillette et les deux impressionnants alignements de bouteilles nous ont très vite fait baigner dans une ambiance vinique très conviviale.

 

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Comme sur un rayon de bibliothèque, les rieslings Schlossberg (avec un prestigieux intrus…) de 1978 à 2008 attendent d’être choisies pour la dégustation.


 
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Même Philippe Blanck semble dubitatif face à cette longue série…

 

Finalement ce fut Stéphane qui eut la lourde charge de sélectionner les vins qui constitueront la série du jour et qui seront dégustés en partant du plus vieux pour arriver au plus jeune.

 

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Le groupe au travail...

 

 

 

Riesling Schlossberg 1979 : issu d’une année assez chaude ce vin flatte l’odorat par de délicats arômes de miel, de résine et quelques évocations pierreuses, en bouche l’équilibre est sec avec un joli gras et une finale fraîche qui se prolonge avec des notes de thé vert et de verveine.

 

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Riesling Schlossberg 1984 : issu d’une année froide sauvée par un bel automne ce riesling exhale des notes de pierre à feu, de citron frais et de pomme granny, en bouche la structure est large avec une légère amertume au milieu et une finale marquée par une superbe salinité.

 

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Riesling Schlossberg 1986 : issu d’une année froide mais d’une vendange bien mûre avec des raisins un peu botrytisés, ce vin a gardé une fraîcheur absolument parfaite avec une palette raffinée qui révèle des arômes de zestes d’agrumes complétés par de discrètes notes terpéniques. En bouche, la structure est très verticale enrobée par un gras encore bien présent, la finale très profonde se prolonge longuement avec des notes d’herbes aromatiques et de miel.


Riesling Clos Saint Hune 1986 : placé par le maître de cérémonie pour « étalonner le palais » cette grosse cartouche tient son rang. Discret mais complexe au nez, ce vin droit et parfaitement équilibré possède une structure large, un gras presque « bourguignon » et une finale longue sur le citron et l’infusion (verveine, mélisse).


Riesling Schlossberg 1987 : voilà encore un riesling issu d’un « petit millésime » qui se tient remarquablement bien après près de 25 ans de garde. La robe est éclatante, le nez s’ouvre sur des notes de pétrole avant de s’épanouir sur une palette florale très primesautière, en bouche on retrouve un équilibre frais et aérien avec un toucher qui reste soyeux et un joli développement aromatique, la finale sur le citron frais est longue et digeste.


Riesling Schlossberg 1989 : sur cette année chaude avec botrytis, la maison Blanck a produit un Grand Cru à la robe d’un jaune éclatant (presque fluo) et au fruité bien mûr sur les zestes d’agrumes confits. En bouche ce vin donne une impression de plénitude avec sa structure sphérique, équilibre parfait entre matière concentrée et minéralité profonde.

 

Riesling Schlossberg 1990 : issu d’un millésime chaud, sans botrytis mais avec du passerillage, ce riesling met quelques temps à s’ouvrir pour remplacer les notes de réduction par une superbe palette aromatique sur les agrumes mûrs et juteux, la bouche est constituée d’un bloc assez massif qui se déploie sans faiblir de l’attaque jusqu’en finale…quelle jeunesse !


Riesling Schlossberg 1995 : issu d’une vendange avec botrytis, ce riesling joue la séduction avec une robe bien colorée, un nez fin et pur sur le miel et la bergamote, en bouche l’attaque est d’une rondeur agréable mais très vite l’acidité franche et droite tend la structure. Le toucher de bouche reste bien gras mais l’équilibre est résolument sec, la finale étonne par sa très grande longueur.

Le Schlossberg est un coteau granitique exposé plein sud avec des pentes souvent très fortes qui contraignent les vignerons à une culture en terrasses. Ce fut le tout premier Grand Cru classé en Alsace, en 1975.

Pour essayer de comprendre l’interprétation de ce terroir par la famille Blanck nous avons dégusté une première série de bouteilles regroupant des millésimes du siècle dernier en laissant une belle place aux années réputées difficiles en Alsace.
Le verdict est sans appel : avec près de 17 ans de garde pour le plus jeune de la série et plus de 30 ans pour le plus ancien, ces vins possèdent des registres aromatiques particuliers, marqués par le millésime et l’âge, mais sont restés frais et équilibrés ; la plupart d’ailleurs ne montrent aucun signe avant coureurs d’un futur déclin
Une remontée dans le temps sans fausse note…Chapeau !

La patine du temps apporte à ces rieslings une touche de complexité supplémentaire au niveau des arômes et un surplus de finesse et de raffinement dans leur présence en bouche. Le domaine Blanck a opté pour la conception de vins de terroirs destinés à la garde…voilà une preuve éclatante de la pertinence de ce choix !

Pour le coup de cœur personnel je choisirai sans hésiter le 1986, qui a tenu la dragée haute au célèbre Clos de Hunawihr…une référence !

 


Blanck 0318
L’étiquette actuelle et le millésime en vente en ce moment


Stéphane fut également invité à sélectionner la série des pinots noirs provenant du terroir classé Grand Cru Furstentum. Suivant les conseils de notre hôte les rouges seront dégustés en partant du plus jeune pour arriver au plus vieux :

 

Blanck 0296
 

  Les pinots noirs F : une série un peu moins longue mais u choix tout aussi difficile…
 

 

Pinot Noir F 2005 : le nez pur, expressif séduit facilement avec ses arômes de griotte, de cassis, de mûr, la bouche vineuse, gourmande et finement tannique possède une finale longue et fruitée.


Pinot Noir F 1998 : confit, mûr et légèrement torréfié au nez, ce vin se montre robuste et vineux en bouche avec un fruit bien défini relevé par quelques notes un peu sanguines, l’acidité longue et profonde et la trame tannique fine mais présente soutiennent vaillamment la structure.


Pinot Noir F 1993 : le nez est très agréable sur la confiture de myrtilles mais on ressent à nouveau ce côté sanguin déjà perçu sur 98, la bouche se tient bien droite avec un fond acidulé et un fruit plus discret complété par des nuances plus terriennes (terre humide), les tanins sont fins et serrés mais sèchent un peu en finale.


Pinot Noir F 1990 : le premier nez évoque la forêt au printemps avec ses senteurs d’ail des ours, puis viennent de belles notes de fruits bien mûrs (prune, quetsche) et de noyau, la bouche est splendide, riche, fruitée avec un grain tannique serré mais très soyeux.


Pinot Noir F 1989 : le nez riche et généreux annonce une vinosité qui s’exprimera pleinement en bouche, le fruit est présent et la matière opulente est contrebalancée par un mâche tannique solide, la finale reste cependant un peu trop austère à mon goût.


Pinot Noir F 1988 : le nez très mûr offre de belles notes de confiture de fruits rouges avec une pointe de torréfaction, la bouche est très gourmande avec un toucher soyeux et une finale de longueur moyenne mais d’une fraîcheur bien  agréable.


Pinot Noir F 1983 : le nez se rapproche du précédent par son côté très mûr mais les notes torréfiées sont moins sensibles, la fraise s’épanouit au nez et au palais, en bouche, la structure est tenue mais l’équilibre reste assez léger, la finale qui n’en impose pas trop a su garder une belle vivacité.

Le Furstentum est un terroir classé Grand Cru situé sur un coteau assez pentu exposé plein sud. Son sous-sol qui associe calcaire, grès et marnes ferrugineuses est favorable à la production de vins puissants.
Les Blanck y ont vu un terroir d’élection pour réussir de grands vins rouges : millésime après millésime cette cuvée F en fournit la preuve incontestable.

Cette série de 9 bouteilles nous a montré avec force que ce cépage exclu de l’appellation Alsace Grand Cru méritait largement sa place parmi l’élite alsacienne. Après une remontée dans le temps sur plus de 20 ans nous n’avons rencontré que des vins en bonne forme avec des palettes aromatiques pleines de charme et des équilibres encore très toniques.
A vrai dire, j’ai commencé à m’intéresser vraiment au pinot noir alsacien après 2003 mais cette sélection de jolies bouteilles me fait prendre conscience que j’ai peut-être eu tort…

Pour le coup de cœur personnel je choisirai le 1990, étonnant de jeunesse et de raffinement : simplement un très grand vin rouge !

 

868
 

 

F 2008 au tarif du domaine actuellement.



Riesling Schlossberg V.T. 1988 : pour finir en beauté cette petite délicatesse qui embaume les agrumes confits ravit nos papilles par son équilibre riche et sa finale légèrement pointue et longuement aromatique.


Cette superbe bouteille de riesling, qui semble commencer sa phase de pleine maturité, met un point final à notre visite qui restera dans ma mémoire comme une belle rencontre avec de grands vins et un vigneron ouvert et généreux.

Le domaine Blanck produit une gamme de vins ciselés avec une précision d’orfèvre :
- la gamme « classique », dont une bonne partie part à l’export, regroupe des vins qui magnifient la pureté de l’expression des différents cépages.
- la gamme « vins de terroir » propose des cuvées aux personnalités marquées par une trame minérale très profonde et dont nous avons pu éprouver, verre en main, l’exceptionnelle tenue dans le temps.
- la gamme « nectars » comprend tous les vins moelleux que le domaine produit et dont le remarquable dernier flacon nous a donné un petit aperçu…
Bref, voilà une maison sérieuse qui travaille ses vignes et ses vins avec le souci d’associer authenticité et qualité sur chaque cuvée…que demander de plus !

Mille mercis à Philippe Blanck de nous avoir consacré une après-midi pour nous faire partager son amour du vin…et vivement notre prochaine rencontre, car je crois bien qu’il reste quelques bouteilles à déboucher.

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  • : Vins, vignobles et vignerons.
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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,

rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.

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