Membre de mon forum préféré (degustateurs.com) depuis fort longtemps stf67 a tombé le masque du pseudo pour m’inviter à le
rencontrer à l’occasion d’une dégustation d’échantillons de vins qu’il a réalisés dans le cadre de sa formation en B.T.S. viti-oeno.
En stage au domaine Sylvie Spielmann à Bergheim, Stéphane Cyran fait une étude sur l’effet du bâtonnage sur les caractéristiques
du vin et pour avoir un avis le plus large possible sur le ressenti gustatif face à ses cuvées en cours d’élevage, il a choisi de convier un panel de dégustateurs très diversifié :
professeurs du lycée de Rouffach, vignerons, collègues de promotion et amateurs.
Persuadé que cette expérience me fera avancer encore un peu dans ma connaissance de la chose vinique j’ai bien évidemment répondu
favorablement à cette sympathique invitation.
La session de dégustation se déroule dans la « Winstub du Sommelier » :
situé dans le centre historique de Bergheim, ce restaurant propose une splendide carte des vins avec un nombre considérable de références alsaciennes de très haut niveau à des prix très
sages...une adresse à noter pour tout gastronome amoureux de crus alsaciens !
Le groupe composé de 2 professeurs du lycée de Rouffach, de 4 étudiants de ce même lycée (dont l’organisateur de la dégustation), de 3 vignerons (Sylvie Spielmann,
Marc Tempé et Antoine Kreydenweiss) et de deux amateurs (Antje, la patronne du restaurant et votre serviteur).
La mission de cette petite assemblée consiste à évaluer des échantillons de vins servis à l’aveugle : Stéphane nous verse 3 vins à la robe encore trouble et
nous demande de remplir une fiche de dégustation sans communiquer entre nous…mystère !!!
Stéphane au service…
…et
le groupe en plein travail.
Vin n°1 : notes fruitées très gourmandes et nuances végétales moins agréables, sucrosité encore sensible en bouche, mais fruit toujours bien
présent, structure légère, assez court.
Vin n°2 : olfaction austère, sur des zestes d’agrumes avec une touche un peu métallique, précis, tendu et long en bouche, belle matière et
grande minéralité en finale.
Vin n°3 : nez sur le fruit avec des notes de bois et d’épices, rond et souple en bouche avec une structure un peu confuse, belle finale
minérale.
Après la collecte des fiches, un tour de table permet enfin aux dégustateurs d’échanger sur leurs impressions et d’annoncer leur « tiercé ».
Lorsque tout le monde s’est exprimé, Stéphane nous révèle enfin l’identité des cuvées proposées :
- le jus des 3 vins est issu d’une parcelle de pinot gris sur le Blosenberg
- le premier vin a été élevé en foudre.
- le deuxième vin a été élevé dans une barrique bourguignonne de 5 vins et a subi des bâtonnages réguliers
- le troisième vin a été élevé dans une barrique bourguignonne de 5 vins sans bâtonnage.
A titre personnel, j’ai préféré le 2° vin, devant le 3° et enfin le 1° mais il faut reconnaître qu’il n’y a pas eu de consensus sur la hiérarchie :
- seuls les deux enseignants du Lycée de Rouffach ont partagé mon avis
- les vignerons et les étudiants ont reconnus la qualité de la tenue en bouche du 2° vin mais lui ont trouvé un côté réduit bien trop important. Leurs suffrages se
sont portés assez largement sur le 3° vin.
- le 1° vin a été préféré par Antje qui a été séduite par son côté juteux et gourmand et par Sylvie Spielmann qui, parlant d’expérience, lui reconnaît un très beau
potentiel.
Conclusions :
- Même si je reste un piètre dégustateur de vins jeunes (et souvent de vins tout court d’ailleurs !), j’ai bien
apprécié cet exercice qui m’a permis de constater de réelles différences entre amateurs et vignerons lorsqu’il s’agit de goûter et d’évaluer des vins : là où j’ai pensé sensations et plaisir
induit, les professionnels se sont concentrés sur les qualités et les défauts des jus pour imaginer comment ces 3 cuvées vont évoluer.
Le côté réduit du 2° vin a visiblement beaucoup inquiété les vignerons présents ce soir, par contre ils ont analysé avec
beaucoup d’optimisme les perspectives d’évolution du 3°.
- Selon mon ressenti personnel, sur ce pinot gris du Blosenberg le bâtonnage aura eu trois effets
notables :
1. Le développement d’arômes de réduction assez puissants.
2. Une structuration plus solide de la matière en bouche.
3. Un marquage boisé plus discret.
En tous cas, j’ai été vraiment surpris par l’importance de l’effet des pratiques œnologiques sur la nature des vins…comme
quoi, la patte du vigneron laisse des empreintes à la vigne comme à la cave.
- Merci à Stéphane de m’avoir permis de vivre cette expérience très enrichissante. J’espère qu’il nous fera partager plus
largement les conclusions de son étude.