Comme mes nombreux vagabondages en terre viticole me conduisent à acheter de plus en plus de vin mais que la sagesse due à mon âge
avancé me recommande un peu de continence dans ma consommation alcoolique…je me suis vu dans l’obligation de convier quelques gosiers pentus mais raffinés pour m’aider à libérer un peu de place
sur les rayonnages de ma cave.
Le principe est simple : on descend dans la cave, on prélève quelques quilles, on débouche et on
trinque.
Cette première édition a vu le passage de vie à trépas de 7 flacons.
La dégustation fut conviviale, sans prise de tête et, une fois de plus, sans papier nis stylo....
Il ne me reste que quelques impressions notées le lendemain pour rédiger ce petit compte-rendu.
Muscadet de Sèvre et Maine Tradition Stanislas 2002 – M. Luneau à Mouzillon : une
complexité et un gras en bouche qui surprennent mais une belle salinité finale.
Un muscadet qui peut dérouter mais qui montre les vraies potentialités d’un terroir largement méconnu.
Riesling G.C. Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 2002 – Domaine Mochel à
Traenheim : douteux au nez et très fatigué en bouche.
J’ai goûté cette cuvée déjà bien plus âgée sans trouver une évolution aussi avancée…une bouteille défectueuse sans aucun doute.
Dommage !
Riesling G.C. Moenchberg 2000 – Domaine des Marronniers à Andlau : la robe trahit une
certaine évolution, le nez est expressif sur les agrumes mûrs, la bouche manque un peu de tonus.
Avec un millésime qui n’a pas été simple et le terroir du Moenchberg qui ne réussit pas systématiquement au riesling, nous sommes
bien forcés de constater que dans de telles circonstances, une garde de plus de 10 ans peut s’avérer très risquée…
Meursault 1° Cru Goutte d’Or 2006 – Domaine Buisson-Charles à Meursault : discret et
très fin au nez ce vin emplit la bouche avec un toucher très gras, une matière fruitée très gourmande et une finale tonique et dotée d’une très belle persistance aromatique.
Après deux blancs alsaciens en petite forme ce Meursault brille de toute sa classe et remporte un quasi plébiscite auprès des
dégustateurs présents.
Vin de pays blanc 2009 – Domaine Dupere-Barrera à Carnoules : le nez s’exprime avec une belle
intensité sur un registre original et complexe, presque un peu baroque (agrumes confits, épices, vanille, encens…), la bouche vive et superbement équilibrée est très gourmande, la finale est
étonnante de longueur.
Ce vin qui n’est pas au tarif a été qualifié par Laurent Barrera de « Concept Wine » est un assemblage de rolle, d’ugni
blanc et d’un troisième cépage dont j’ai oublié le nom (vermentino ? grenache blanc ?). Ce vin a évidemment segmenté l’assemblée mais en ce qui me concerne ce fut une des belles
surprises de la soirée et j’espère que cette cuvée trouvera sa place au tarif du domaine dans les millésimes à venir.
Riesling G.C. Altenberg de Begbieten S.G.N. 2000 – Domaine R. Schmitt à Bergbieten :
le nez embaume les agrumes mûrs avec quelques notes grillées sur un fond minéral très présent, la bouche est riche et suave avec une finale ou la salinité du Grand Cru se montre avec
élégance.
Un riesling SGN sur un terroir classé avec plus de 10 ans de vieillissement…ça peut vraiment être très bon ! Heureusement,
car après 2 premiers Alsace en demi-teinte, il fallait vraiment une bouteille qui rassure un peu…on n’est pas chauvins mais quand même !
Riesling Pflaenzerreben 2002 – Domaine Rolli-Gassmann à Rorschwihr : le nez est
splendide, il s’exprime avec précision et finesse sur des notes de fruits jaunes frais et de craie, la bouche gagne encore en complexité aromatique et s’épanouit avec un équilibre gourmand et une
finale longue et digeste.
Choisie par Stéphane lors d’un ultime passage en cave, cette bouteille magnifique est la gagnante de la soirée : après une
dizaine d’année de garde, le terroir argilo-calcaire de cette parcelle du Pflaenzerreben prend le dessus pour équilibrer la richesse de la matière…du grand art !
Pour conclure :
- cette petite session a débuté par une surprise, occasionnée par l’étonnant muscadet apporté par Stéphane – qui a refusé
de se plier à la règle en ne venant pas les mains vides…carton jaune ! – pour finir sur une quille exceptionnelle, le riesling de Rolli-Gassmann. Entre ces deux bornes temporelles, il faudra
retenir les belles prestations du Meursault qui monte sur la seconde marche du podium, très près du riesling et de l’inclassable vin blanc des Dupere-Barrera qui a divisé le groupe mais qui a
trouvé quelques ardents supporters dont je fais évidemment partie.
- convivialité, bonne humeur, quelques belles bouteilles débouchées et un peu de place gagnée dans ma cave : cet
apéro-vin a tenu ses promesses, pour moi du moins…
Je pense que me cave s’ouvrira encore l’une ou l’autre fois en 2012…à bon entendeur,
salut !