Lors d’un petit retour en arrière sur mes notes de l’année écoulée, j’ai pris conscience que, d’après le contenu de mes commentaires, j’étais un dégustateur qui ne
buvait que de très bons vins : conséquence d’une propension au dithyrambe gratuit, liée à mon grand âge…éventuellement, chance éhontée dans le choix de mes
bouteilles…peut-être !
Ces hypothèses si peu flatteuses à mon égard ont surement leur part de vérité (hélas…), néanmoins je vais quand même essayer de vous livrer quelques explications
plus personnelles sur la manière dont je conçois ma pratique d’œnophile et de bloggeur vinique.
En premier lieu, je voudrais préciser que je ne rédige pas de compte-rendu sur tous les vins que je goûte : ma vitesse d’écriture étant inversement
proportionnelle à la vitesse à laquelle je vide ma cave, le rapport exhaustif de mes aventures viniques monopoliserait l’intégralité du temps libre que m’octroie l’Education Nationale.
Je suis donc obligé de sélectionner les bouteilles qui feront l’objet de mes élucubrations.
Pour ce faire, j’utilise un critère très simple : si je n’aime pas un vin, je m’interdis d’écrire une ligne à son sujet. Cela va de soi pour certains, vraiment
mauvais, qui ne méritent pas qu’on en parle (mais à vrai dire, j’en croise très peu…) mais cela s’applique aussi à d’autres, bien plus nombreux, qui sont certainement bien faits mais qui auront
été desservis par un contexte, une ambiance et se présenteront à moi sans charme et parfois même sans intérêt. Dans ces conditions, je ne vois pas comment, avec ma seule légitimité de critique
amateur autoproclamé, je pourrais, d’un coup de plume, torpiller le produit du travail d’un vigneron sans avoir essayé de comprendre sa conception du vin.
Le vin n’est pas une boisson comme une autre (pour ceux qui en doutent, allez faire un tour chez Jean-Robert Pitte), c’est un objet de culture dont la pleine jouissance
demande parfois certaines connaissances. Pour moi, la démarche d’œnophile est une démarche d’apprentissage permanent, dans les livres, les clubs de dégustation, les forums (DC étant une source de
très bon niveau, faut-il le rappeler…), mais surtout sur le terrain avec les vignerons.
Lorsque je suis en face d’une bouteille qui me laisse perplexe, je me demande toujours si je suis assez informé pour l’apprécier pleinement… en général, l’envie
d’écrire des sentences définitives sur sa qualité me passe très vite.
En second lieu, je doute que le seul fait de publier des articles sur un site qui s’appelle degustateurs.com, me confère le statut de dégustateur…
D’ailleurs, lorsque j’entends parler de la vie de ces stakhanovistes du crachoir, je suis très heureux de me retrouver à ma place et de profiter de leurs travaux de
défrichage pour choisir sereinement les vins que je vais goûter ou les vignerons que je vais rencontrer.
Je me souviens de ces temps anciens, où je partais à la découverte d’un vignoble sans guide et où je me retrouvais dans des caves choisies au hasard de la route. Je
dégustais des vins qui, l’ambiance aidant (je ne crachais pas à l’époque), me semblaient remarquables mais qui, une fois de retour au bercail, se montraient beaucoup moins à leur
avantage…
Dieu merci, ce genre de mésaventure est devenue beaucoup plus rare à l’heure actuelle !
Les dégustateurs goûtent évaluent et hiérarchisent, c’est leur travail qui permet à l’amateur de se retrouver dans le dédale de l’offre vinique actuelle.
Moi je parle de vins, de vignerons, de régions qui me plaisent, c’est ma manière de prolonger les émotions liées à ces rencontres et de pérenniser quelques beaux
souvenirs…
Plaisir de goûter, plaisir d’écrire et plaisir de pouvoir partager ces émotions avec vous…
3 raisons de ne boire que du bon vin.
A la bonne votre !