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24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 10:08



A l’occasion de cette nouvelle Masterclass de l’Oenothèque Alsace, une petite vingtaine d’œnophiles avait choisi d’oublier pendant quelques heures la belle météo estivale de cette fin juin pour se retrouver sur les bancs de la salle de dégustation de la maison Wolfberger à Colmar : les leçons de savoir-boire alsacien de Thierry Meyer demandent parfois des sacrifices…

Comme pour les sessions précédentes le principe des 3 thèmes d’études a été reconduit :
- Thème 1 : 3 vins pour se faire une petite idée du millésime 2009.
- Thème 2 : comment se portent les pinots gris 2005 ?
- Thème 3 : les gewurztraminers GC 2008, une grande réussite !

Alléchant non… ?

 

 

 

Thème 1 : 3 vins

Riesling Le Kottabe 2009 – Josmeyer à Wintzenheim : un nez pur et très agréable sur le raisin frais et les fruits blancs, la bouche est finement acidulée avec une structure ample tout en gardant un caractère désaltérant.
Les aficionados du style Josmeyer sont quelque peu déroutés par le caractère charmeur et gourmand de ce riesling… moi j’ai beaucoup aimé ce mélange de facilité et d’élégance !

Sylvaner 2009 – G. Lorentz à Bergheim : le nez s’ouvre sur des notes de champignon blanc avant de livrer quelques délicats arômes floraux, la bouche est désaltérante avec un équilibre sec et une finale très austère, un peu piquante et amère.
Un vin très serré, dont la structure ferait presque penser à un déficit de maturité… étonnant pour ce millésime !

Gewurztraminer Cuvée Saint Léon IX – Wolf berger à Eguisheim : le nez est intense avec un profil aromatique classique sur l’eau de rose, la bouche allie gras et ampleur tout en restant bien équilibrée, le marquage floral s’intensifie jusqu’en finale.
Un gewurztraminer élégant et festif, très marqué par le cépage mais avec une structure bien balancée.


2009 est un millésime chaud qui réservera de nombreuses surprises, bonnes ou mauvaises. Ce riesling et ce gewurztraminer tiennent leur rang : les matières sont puissantes et concentrées mais l’équilibre est parfaitement assuré. Le sylvaner déçoit car il y avait assurément mieux à faire sur ce millésime : le « grand A » du Domaine Schmitt ou les sylvaners du domaine Lissner goûtés récemment se sont montrés pleins de belles promesses…



Thème 2 : 6 vins

Pinot Gris K 2005 – Paul Kubler à Soultzmatt : le nez est fin et discret sur un registre floral que quelques notes de vanille et de noisette enrichissent agréablement, la bouche est ample avec un beau gras et une finale marquée par le bois.
Malgré le caractère un peu bourguignon de cette cuvée qui peut dérouter le puriste, ce pinot gris procure un réel plaisir à la dégustation.

Pinot Gris Tradition 2005 – Hugel à Riquewihr : le nez est dominé par de puissantes notes de réduction (charcuterie, rillettes…), l’aération révèle une palette un peu plus avenante sur le miel et les fleurs, la bouche est plus flatteuse avec une belle ampleur, un profil aromatique plus pur et quelques notes fumées en finale.
Un nez vraiment peu agréable qu’une bouche plus avenante ne peut faire oublier…regoûté une heure plus tard l’olfaction ne s’était guère améliorée. Déception !

Pinot Gris Tradition 2005 – Domaine de l’Oriel à Niedermorschwihr : le nez ressemble au précédent avec les mêmes notes charcutières mais l’intensité et la persistance sont moindres : des notes fumées (couenne de lard) et presque un peu iodées s’imposent assez rapidement. La bouche est ronde agréable, bien glissante.
Une personnalité très forte au nez et un caractère plus consensuel en bouche… un pinot gris déjà bien évolué qui surprend par sa palette olfactive très particulière.

Pinot Gris Tradition 2005 – Domaine Pfister à Dahlenheim : le nez est fin et très agréable avec des notes de farine, de froment, de mie de pain, la bouche possède un beau volume, une acidité large, un gras conséquent, la finale est longue, bien fraîche, délicatement citronnée et fumée.
Un pinot gris à maturité avec une matière équilibrée et un profil aromatique très intéressant. Une très belle réussite !

Pinot Gris Cuvée Terroir 2005 – Cave de Ribeauvillé : le nez est très mûr avec des notes de raisin sec et d’abricot, la bouche est légèrement moelleuse, le fruité reste très gourmand avec une belle touche acidulée, la finale est marquée par des arômes de fruits confits.
Un équilibre assez tonique malgré une richesse évidente… une version opulente du cépage bien réussie.

Pinot Gris Cuvée Sainte Catherine 2005 – Domaine Weinbach à Kaysersberg : le nez est intense et agréable sur les fruits mûrs et la noisette, l’équilibre en bouche se réalise entre une acidité bien vive et un gras imposant, la finale est ample et concentrée avec quelques touches fumées.
Une cuvée sérieuse et concentrée, un pinot gris terriblement bien vinifié, qui peut surement encore gagner en complexité avec l’âge.


2005 fut une très belle année pour le vignoble alsacien : des matières premières riches et saines ont permis la réalisation de très grands vins secs ou moelleux.
Cette série de pinots gris « terroir » (récoltés sur des parcelles sélectionnées mais non classées G.C.) nous a permis de faire un petit état des lieux sur ce cépage après 5 années de bouteille.
Pour remplacer le traditionnel exercice d’évaluation des vins selon l’échelle « meyerienne », Thierry nous propose une hiérarchisation de 1 à 6 des bouteilles dégustées.
Pour moi, comme pour la majorité des dégustateurs présents, ce fut la cuvée de Pfister qui a remporté la palme devant le pinot gris du Clos des Capucins. Deux très beaux vins sans conteste et une différence qui s’est faite sur l’harmonie : le Weinbach semblait encore en phase de construction alors que le Pfister avait atteint la phase de plénitude… match retour dans quelques années ?


Thème 3 : 6 vins.

Gewurztraminer G.C. Altenberg de Wolxheim 2008 – Domaine Lissner à Wolxheim : le nez est délicat et très complexe sur un registre floral qui fait penser à des senteurs d’arbres fruitiers en fleurs, les notes épicées pointent en filigrane, la bouche est ample, opulente mais équilibrée, la guimauve et la réglisse viennent enrichir la palette aromatique, la finale est longue, un peu tannique et fortement épicée.
Un joli festival aromatique pour ce gewurztraminer techniquement sec mais qui laisse une belle impression de richesse.

Gewurztraminer G.C. Steingrubler 2008 – Domaine Mann à Wettolsheim : le nez est discret mais très pur, les notes florales sont magnifiques (rose et jasmin), la bouche est équilibrée, élégante, la finale légèrement tannique révèle les classiques arômes d’épices douces.
Un gewurztraminer de dentelle avec un équilibre presque gouleyant mais avec une personnalité très raffinée.

Gewurztraminer G.C. Rangen-Clos Saint Théobald 2008 – Domaine Schoffit à Colmar : le nez est direct et de belle intensité sur le fruit exotique et les épices, la bouche est concentrée, riche et corsée, marquée par d’intenses aromes épicés, la finale acidulée et fraîche est d’une longueur exceptionnelle.
Avec un cépage exacerbé par le terroir et une structure aussi imposante, ce vin ne peut laisser personne indifférent…incroyable Rangen !

Gewurztraminer G.C. Marckrain 2008 – Domaine Barth à Bennwihr : un fruité pur et concentré qui se complexifie avec l’aération par l’apparition de belles notes florales (violette), la bouche possède une texture remarquable, charnue, croquante, avec une finale délicatement acidulée et profondément aromatique.
Terroir et cépage en synergie parfaite : une magnifique expression de gewurztraminer !

Gewurztraminer G.C. Kessler 2008 – Domaine Dirler à Bergholtz : le nez se présente avec quelques notes de réduction qui laissent rapidement la place à une palette fruitée très fraîche, en bouche l’attaque est finement acidulée, la matière est généreuse s’exprime progressivement, la finale est longue, saline et puissamment épicée.
Un gewurztraminer qui donne l’impression d’une grande force, encore contenue à l’heure actuelle, mais qui atteindra des sommets qualitatifs dans quelques années.

Gewurztraminer G.C. Kirchberg de Barr-Clos Gaensbronnel 2008 – Domaine Hering à Barr : une petite pointe de volatile n’altère que très peu la très belle olfaction sur les épices et la torréfaction, la bouche est ample, opulente avec une chair croquante et riche, la finale est longue, aromatique et discrètement fumée.
Un gewurztraminer qui apporte 3 certitudes, le Kirchberg est un très grand terroir, Hering est un très grand vigneron et 2008 est un très grand millésime… que demander de plus !


6 flacons délicieux pour nous convaincre que 2008 a permis de réussir de très beaux Grands Crus de gewurztraminer : un fruit magnifique et un support minéral d’une intensité exceptionnelle, les synergies terroir/cépage nous entraînent vers des sommets qualitatifs.
Pour les coups de cœur : le Marckrain, le Steingrubler et l’Altenberg se goûtent déjà merveilleusement bien aujourd’hui, mais les autres cuvées sont tellement pleines de belles promesses que le choix est quasiment impossible… Je trouverai donc une place dans ma cave pour chaque référence, c’est dit !

Et encore une partie de l’argent du ménage qui va se transformer en liquide… bravo et merci Thierry !

(PS ma femme, mes enfants et mon banquier ne s’associent pas à mes remerciements…)

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  • : Vins, vignobles et vignerons.
  • : Récits liés à des rencontres viniques et oenophiliques.
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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,

rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.

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