Si vous ne trouvez pas Jérôme Mazel à l’accueil de son caveau ouvert tous les jours à partir de 18 heures, c’est qu’il est déjà
parti avec un groupe dans sa cuverie ou son chai à barriques pour une visite guidée…ou alors il faut aller le chercher au fond de sa cave dans le souterrain qu’il est en train d’aménager en
espace d’accueil pour sa clientèle…
Une partie du chai à barriques, au fond à droite l’entrée du souterrain.
Le souterrain en chantier.
Ce vigneron, dont j’ai déjà longuement parlé dans d’autres articles, continue son bonhomme de chemin, travaillant dans ses vignes
et dans le potager de ses parents dans la journée et passant le début de soirée avec ses clients qu’il accueille toujours avec gentillesse et disponibilité.
Sa gamme qui est restée inchangée depuis l’année passé comporte 3 vins blancs, 2 rosés et 3 rouges d’appellation VDP des Coteaux de l’Ardèche mais, comme en juillet
2010, il n’ya plus toutes les cuvées à la vente : Alter Ego 2009 (100% chardonnay), Magie Noire 2009 (100% syrah), Corps et Ame (90% merlot + 10% syrah) sont épuisées et les 2010 ne sont pas
encore mis en bouteilles.
Odyssée 2010 (100% viognier) : le nez est élégant, floral (violette et fleur de
sureau) et légèrement vanillé, l’attaque en bouche est assez timide mais la matière se révèle progressivement et développe une chair gourmande et un équilibre assez vif, la finale n’est pas trop
longue mais laisse le palais frais et dispos.
Voilà un viognier comme je les aime avec une olfaction agréable sans être putassière et une bouche qui tient ses promesses. Jérôme
Mazel maîtrise de mieux en mieux ce cépage : structure précise, boisé dosé avec beaucoup d’à-propos, matière mûre mais sans excès…un beau vin tout simplement !
Equinoxe 2010 (100% viognier en surmaturité) : le nez est intense et mûr sur
l’abricot confit, la banane et le miel, la bouche est très moelleuse et bien aromatique mais la finale très généreuse peut fatiguer un peu les palais habitués à des équilibres plus
verticaux.
Un peu comme pour les rosés ci-dessous, sur 2010 j’ai préféré l’expression la moins moelleuse du viognier… question de goût
personnel sûrement car cette cuvée a été repérée par la critique spécialisée et a même constitué le sujet d’un reportage télé qui sera diffusé sur Arte en décembre 2011 (le 19, je crois)…A vos
agendas !
Ribambelle 2010 (grenache, syrah, merlot et quelques autres…) : le
nez est festif, aérien avec un très joli fruit (fraise des bois et petits fruits rouges), la bouche est parfaite, fruité croquant, délicatement acidulé et une pointe de douceur…comme dirait J.M.
Bechtold « indice de torchabilité maximal ».
Mon rosé de l’été 2011…après un avant-goût proposé par l’ami Cyril, ce vin d’une gourmandise absolue a coulé à flots durant mon
séjour ardéchois.
Chamboultou 2010 (70% de grenache) : le nez s’exprime sur le même registre que le
précédent mais avec un caractère sensiblement plus confit, la bouche est franchement moelleuse tout en gardant une belle fringance et un fruité toujours aussi épanoui.
Irrésistible sur 2009, ce rosé atypique m’a un peu moins séduit cette année…mais il faut dire que le « Ribambelle »
vraiment parfait cette année a placé la barre des rosés à une belle hauteur. Il n’en reste pas moins que cette cuvée appelle la convivialité et constitue un apéritif estival idéal
!
Cœur de Pierre 2010 (90% de grenache + 10% de merlot) : le nez est un peu mystérieux,
complexe et évolutif il s’ouvre sur des notes épicées qui rappellent le chorizo avant de partir sur un fruité mûr et gourmand pour finir sur de belle notes réglissées et fumées.
La « bombinette » fruitée de 2009 est nettement plus réservée cette année mais la structure en bouche et la belle
complexité aromatique ne trompent pas…c’est une belle cuvée !
Jérôme pense que ce vin mériterait un peu de garde pour se livrer complètement…pour ma part je m’en suis déjà bien régalé cet été
sur ma terrasse de Grospierres.
La cuverie quasiment prête pour les vendanges…
Mon ultime visite à Pradons, avec mon filleul à qui j’essaie d’inculquer de saines pratiques œnophiles, nous a permis de déguster deux cuvées supplémentaires qui
venaient d’être mises en bouteilles il y a quelques jours.
Après un gewurztraminer ardéchois, au nez de litchi et de loukoum à la rose mais très pâteux en bouche (du gewurztraminer à Pradons…ils ne se
sentent plus ces ardéchois !), je termine par les deux vins fraîchement embouteillés :
Alter Ego 2010 (100% chardonnay) : le nez ne s’exprime pas encore très franchement
mais la bouche possède une matière ample avec un équilibre très frais.
Un boisé très discret, une belle tenue en bouche et une vivacité étonnante…malgré une mise très récente qui brouille un peu la
palette aromatique, ce chardonnay promet…et se dégusta déjà avec grand plaisir.
Magie Noire 2010 (100% syrah) : l’olfaction est très discrète, la bouche est dense, concentrée
avec une trame tannique fine et serrée.
Comme le précédent, ce vin a été dégusté de façon prématurée (mais bon, j’ai vraiment insisté !), malgré tout la matière
impressionne par sa texture charnue et très suave...une très belle syrah en devenir !
La série presque complète de Jérôme Mazel (la flûte bleue, c’est le gewurtz)
Avant de quitter le domaine ou si vous voulez déguster les vins de Jérôme en dehors des heures d’ouverture du caveau, vous pouvez faire un petit crochet par
la boutique de Mme Mazel. Vous y trouverez évidemment les vins de Jérôme mais aussi les légumes fraîchement cueillis dans le jardin familial et quelques produits locaux de grande
qualité : saucissons de Puzzi, chèvres de la Ferme des Divols, crème de marrons, miels
d’Ardèche…
La boutique côté vins…
La boutique côté légumes…
Le potager
- Comme vous l’aurez compris, le domaine Mazel est devenu l’un de mes points de chute favoris en Ardèche : submergé
par une clientèle de plus en plus nombreuse qui se presse dans son caveau, Jérôme fait déguster son vin en expliquant son métier avec un enthousiasme communicatif. On ne se lasse pas de l’écouter
parler de ses cuvées, de ses terroirs, de ses copains vignerons et de son pays d’Ardèche.
- Ses vins gagnent chaque année en précision : Jérôme passe beaucoup de temps dans ses vignes pour récolter une
matière première de plus en plus qualitative qu’il pourra travailler sereinement (pas toujours d’ailleurs, d’après ses dires…) dans sa cave équipée de cuves inox et d’un parc de pièces en chêne
qu’il rachète en Bourgogne. Les cuvées de blancs effectuent une macération pré-fermentaire avant le pressurage puis sont entonnées dans des fûts de 1 à 2 vins, les rouges se font dans des fûts de
3 à 4 vins.
- Sur 2010, mes coups de cœur ont un peu changé : en dehors du viognier Odyssée trouve un équilibre presque idéal sur
ce millésime je suis resté sous le charme du rosé Ribambelle, simple mais d’une gourmandise absolue…autant vous dire qu’a moins de 5 euros la quille, il a coulé à flots sur les hauteurs de
Grospierres cette année !