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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 17:07


Nous sommes le vendredi 11 mai 2010, il est 20 heures et nous nous retrouvons autour d’une table avec une douzaine de convives invités par le facétieux Thierry Meyer qui a choisi de tester le patriotisme des membres de son club en leur proposant un rendez-vous gastronomique à Ingersheim, en même temps que le premier match de l’équipe de France au Mundial...
En comparant la qualité des manifestations gastronomiques organisées sous l’égide de l’Œnothèque à celle des récentes prestations de notre équipe nationale de millionnaires en short, mon choix a été très facile à faire : direction La Taverne Alsacienne  et au diable le concert de vuvuzelas !

Mon ouverture de la Coupe du Monde se fera donc en compagnie d’une joyeuse tablée d’œnophiles prêts à s’extasier devant ces 17 flacons issus de la réserve de l’Œnothèque Alsace ou de la collection privée de Philippe Blanck tout en savourant les mets de ce casse-croûte très rabelaisien, proposé par notre chef attitré Jean-Philippe Guggenbuhl.

Muscat Altenbourg 1979 – Domaine Blanck à Kientzheim : un nez qui s’ouvre sur des notes un peu poussiéreuses, mais dominé rapidement par d’intenses arômes de menthe fraîche et de chlorophylle, la bouche est fluide, agréable mais un peu fluette, la finale est courte et légèrement camphrée.
Né sur un terroir situé sous le G.C. Furstentum, ce muscat au registre olfactif obsédant reste charmeur malgré la fragilité de sa structure.

Riesling V.T. 1983 – Vignes de l’I.N.R.A. à Ribeauvillé : le nez est discret sur le citron mûr, le froment et le champignon blanc, la bouche est sapide avec un équilibre sec et une structure bien droite, la finale est fraîche et de longueur moyenne.
Une belle bouteille dont le caractère démontre les effets du temps sur les sucres résiduels… la patience récompensée.

Pinot Blanc Cave des Hospices de Strasbourg 2005 – Beblenheim : le nez est délicat sur un registre floral, la structure en bouche est ronde avec un joli gras et une tenue remarquable d’équilibre, seule la finale un peu courte trahit la modeste origine de ce vin.
Une bouteille au charme simple et immédiat…un compagnon idéal pour de joyeuses tablées estivales.

Riesling Burgreben de Zellenberg 1998 – Bott-Geyl à Zellenberg : le nez est dominé par des notes de sous-bois et de cèpe, le citron mûr se cache au fond du registre, la bouche possède une rondeur avenante, la finale est un peu plate.
La texture en bouche est séduisante mais la structure manque de solidité… un vin dont l’apogée semble dépassé.

Riesling G.C. Brand 2002 – Domaine de l’Oriel à Niedermorschwihr : le nez est pur et charmeur avec des notes de fleurs et de sucre d’orge, la bouche est parfaitement équilibrée, le gras et l’acidité s’harmonisent pour laisser une impression de rondeur confortable, la finale possède une longueur aromatique remarquable.
Ce riesling arrivé à maturité possède un charme irrésistible… le grand Claude (Weinzorn) a réussi une cuvée exceptionnelle sur ce terroir en 2002… Chapeau !
Ce Grand Cru que j’avais tendance à laisser dans l’ombre des magnifiques Sommerberg du domaine, m’a particulièrement séduit ce soir…il va falloir regoûter ça rapidement in situ !

Riesling G.C. Schlossberg Cuvée Sainte Catherine 2002 – Clos des Capucins à Kaysersberg : le nez est discret sur le citron et le sous-bois, la bouche est tendue, l’acidité est mure et profonde, la finale très longue est rafraîchie par une petite amertume délicate.
Un riesling sérieux, d’un classicisme absolu…une expression parfaitement maîtrisée de ce cépage.

Pinot Gris Altenbourg 2006 – Clos des Capucins à Kaysersberg : le nez nécessite une petite oxygénation pour livrer des aromes de sous-bois et de torréfaction, la bouche est pleine de rondeur et d’opulence, le finale est marquée par une belle présence saline et de fines notes fumées.
Une olfaction classique et une matière généreuse mais bien équilibrée : un archétype de pinot gris réussi.

Riesling Altenbourg 2001 – Domaine Sparr à Sigolsheim : le nez est discret, le registre est résolument minéral (pierre chaude, silex), la bouche est droite, saline avec une mâche presque tannique en finale.
Le marquage minéral est impressionnant sur cette cuvée, à croire que le millésime 2001 a littéralement exacerbé les terroirs.

Riesling G.C. Kitterlé 2001 – Domaine Schlumberger à Guebwiller : le nez est engageant, marqué par de belles notes florales, la bouche est droite, tendue et très saline avec une finale bien longue.
Un profil similaire au vin précédent avec une matière plus raffinée…une belle interprétation de ce terroir gréseux.

Pinot Gris G.C. Fustentum 1991 – Domaine Blanck à Kientzheim : le nez est intense, complexe, sur un registre floral agrémenté de notes de menthe fraîche, la bouche est ronde et opulente avec des S.R. bien intégrés et une finale un peu courte mais très digeste.
Issu d’une parcelle de jeunes vignes sur le Grand Cru, avec un très petit rendement, cette cuvée a déjà la noblesse d’un grand vin même si la présence finale trahit la juvénilité de la matière végétale.

Gewurztraminer Altenbourg Cuvée Laurence 2001 – Clos des Capucins à Kaysersberg : le nez est direct et pur sur l’eau de rose, les fruits exotiques s’invitent après oxygénation, la bouche possède une matière juteuse, gourmande et une profondeur aromatique rare.
Une expression pleine et festive de ce cépage…à ce niveau là le gewurztraminer s’impose comme un vin unique, inimitable, grandiose !

Pinot Gris G.C. Rangen Clos Saint Urbain 1997 – Domaine Zind-Humbrecht à Turckheim : le nez est discret mais très typé, farine, malt et petites notes de truffe blanche, la bouche est concentrée avec un équilibre sec mais une texture riche et complexe, la finale est très longue.
Atypique, inclassable mais d’une noblesse et d’une grandeur évidentes… un Rangen quoi !

Gewurztraminer G.C. Furstentum 2001 – Domaine Blanck à Kientzheim : le nez est discret avec des arômes floraux rehaussés par de belles notes poivrées, la bouche est bien équilibrée, la profondeur aromatique est impressionnante, la finale bien longue est entièrement dédiée aux épices.
Une version classique très épicée du gewurztraminer …palais sensibles s’abstenir !

Gewurztraminer G.C. Rosacker 1996 – Domaine Mallo à Hunawihr : les puissants arômes de miel sont un peu perturbés par des notes de fruits blets qui trahissent l’âge avancé de cette cuvée, la bouche se présente avec une fraîcheur et un équilibre inattendus, la finale est longue et soutenue par une puissante salinité.
Une olfaction marquée par l’évolution mais une très belle présence en bouche… certains vins sont décidément très difficiles à cerner !

Pinot Gris V.T. Altenbourg 1989 – Domaine Blanck à Kientzheim : le nez est discret mais très élégant avec une palette complexe sur les fruits jaunes confits et les herbes aromatiques, la bouche se livre avec beaucoup de gras et de soie, la finale est belle, les notes de raisin sec nous rappellent la grande maturité de cette cuvée.
Un vin dont la générosité n’a pas pris le pas sur la finesse : une belle réussite et surtout un beau pied de nez au temps qui passe. Je suis de plus en plus convaincu que les grands pinots gris nécessitent vraiment une longue garde pour affirmer leur classe.

Gewurztraminer G.C. Hengst 2006 – Domaine Josmeyer à Wintzenheim : le nez est discret sur un registre exotique et miellé, la bouche est fine, élégante, pleinement aboutie, la longueur aromatique finale est exceptionnelle.
Un vin magnifique qui appelle davantage la méditation que la fête… mais quel bonheur !

Gewurztraminer V.T. 2003 – Domaine Hugel à Riquewihr : le nez est d’une pureté inouïe, les fleurs, la fraise des bois, quelques épices discrètes composent une palette riche et engageante, la bouche est soyeuse, sapide, parfaitement équilibrée et la finale se prolonge avec une fraîcheur réjouissante.
Quelle maîtrise, quel équilibre, quel vin… ! Le contenant ne paye pas de mine (bouteille basique, étiquette classique) mais le contenu vous met à genoux… l’excellence alsacienne dans toute sa simplicité.


Pour conclure :

- Après un tel festival gustatif, il faut évidemment remercier en premier lieu les organisateurs de cette belle rencontre : Jean-Philippe Guggenbuhl pour son accueil, Philippe Blanck pour toutes les pépites sorties de la réserve privée de son domaine et Thierry Meyer pour son inaltérable enthousiasme et sa générosité…

- Une fois encore nous avons pu voir combien les grands vins d’Alsace se moquaient du temps qui passe : même si certains d’entre eux avaient dépassé leur pleine maturité, tous gardaient une structure cohérente en se laissant boire avec un plaisir indiscutable.

- A mon goût ce son vraiment les grands pinots gris qui profitent le plus d’un long vieillissement : ce cépage, qui a tendance à m’ennuyer un peu actuellement, a généré quelques cuvées mémorables dans la série de ce soir.

- Pour définir des coups de cœur, je ne peux m’empêcher d’évoquer l’adage qui affirme que choisir consiste avant tout à éliminer… difficile de trouver une bouteille que je n’aurai pas aimé trouver sur notre table ce soir !
Je ferai donc comme à l’Ecole des Fans : ils ont tous gagné NA !

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  • : Vins, vignobles et vignerons.
  • : Récits liés à des rencontres viniques et oenophiliques.
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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,

rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.

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