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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 19:05


L’édition hivernale des fameuses masterclass de l’Oenothèque Alsace a réuni une petite vingtaine de passionnés sur les bancs de la salle de dégustation de la maison Wolfberger à Colmar. Malgré la concurrence du Salon des Vins du Languedoc et des innombrables marchés de Noël, les oenophiles alsaciens se sont retrouvés une fois de plus pour une nouvelle leçon du professeur Meyer.

Le cours du jour propose 3 thématiques illustrées par 3 séries de vins servis un par un, dégustés et commentés à l’aveugle.


Thème 1
Les vins de fête : comment réussir un réveillon digeste ?

Crémant Chardonnay – J.C. Buecher
 : le nez est délicat et suave propose les classiques arômes de brioche et de citron confit, la bouche est aérienne avec une bulle fine et une acidité vive qui donnent une belle fraîcheur à la structure.
En règle générale, le crémant de chardonnay est moins dosé que ses concurrents issus des traditionnels cépages et comme le dit Thierry « dans ce cas, le masquage des défauts par la liqueur de dosage est très difficile ». Issu d’une vendange 2006 sur le Rothenberg de Wettolsheim et dégorgé en 2008, ce crémant de la maison Buecher constitue, à coup sûr, une belle alternative aux crus champenois

Sylvaner Clos de la Folie Marco 2008 - Hering
 : des notes florales, des arômes de fruits blancs et quelques nuances pierreuses composent un registre olfactif bien complexe, la bouche est aérienne avec un toucher soyeux et une finale assez longue marquée par le pamplemousse et un léger fumé.
Une expression aboutie et complexe de ce cépage…en plus, à 6 euros, ce vin devient un choix presque indispensable pour tenir compagnie aux plats de fruits de mer de nos futurs repas de fête.

Riesling G.C. Brand 2007 – Cave de Turckheim 
: le nez est magnifique de pureté et d’élégance (fleurs blanches, mandarine…), la bouche pleine de gourmandise et d’harmonie possède un équilibre gras et rond et une finale bien fraîche.
Un riesling harmonieux avec une grande buvabilité mais qui a su garder sa typicité : un vin consensuel qui ne trahit pas son origine… pour les premiers pas dans le monde du roi des cépages alsaciens !

Pinot Noir Weid 2006 – L. Albrecht : le nez est beau et flatteur avec des arômes de griotte, de chocolat et un boisé fin et noble, la bouche possède un équilibre réjouissant, le fruit gourmand, les tanins mûrs et la délicate acidité sont parfaitement en phase, la finale est longue et délicatement boisée.
Le Bollenberg, où est né ce vin, est un terroir calcaire très proche de ceux qu’on peut trouver en Bourgogne…rien d’étonnant à ce que ce magnifique pinot noir nous fasse penser à un cru de cette région…

Gewurztraminer Vieilles Vignes 2007 - A. Landmann : le nez est avenant et complexe avec des notes de litchi, de pétale de rose, la bouche possède un fruité mûr et un équilibre élégant où le moelleux et la fraîcheur se répondent sans s’affronter, la finale est digeste et marquée par de fines notes fumées.
Un gewurztraminer conçu pour plaire sans trop flatter… un compagnon avenant et léger pour les desserts.

Kiro-Z-épices – Cave de Ribeauvillé : le nez est envahissant et nous propose une déclinaison complète des épices de Noël, la cannelle et l’anis ouvrent le bal, le poivre se montre un peu plus tard…, la bouche offre légèreté et douceur avec une bulle nerveuse et une finale épicée.
Dans cette cuvée créée par la Cave de Ribeauvillé à l’occasion des fêtes, la liqueur de dosage a été remplacée par un sirop aux épices. Ce crémant expérimental connaît un beau succès commercial en ce moment… une alternative originale au classique vin chaud. Ceci dit, il me semble difficile voire périlleux de placer cette bombinette aromatique au cours d’un repas !


Thème 2
Les terroirs du pinot gris – Variation sur 4 millésimes

Pinot gris G.C. Eichberg 2007 – Kuentz-Bas 
: le nez est discret, légèrement vanillé et fumé, la bouche est ample avec du gras et une finale un peu amère.
Un premier vin issu d’un terroir marno-calcaire avec une belle matière mais un profil peu flatteur à l’heure actuelle.

Pinot Gris G.C. Brand 2006 – Josmeyer
 : le nez est réservé mais assez complexe avec des notes de céréales et d’acacia, la bouche est d’un équilibre sec avec une structure en demi-corps et une finale assez courte.
Un pinot gris sur granit avec un sérieux qui frise l’austérité, il faut reconnaître que ce vin procure peu de plaisir aujourd’hui… à réserver, peut-être pour des accords gastronomiques.

Pinot Gris Thann 2005 – Zind-Humbrecht
 : le nez possède un registre envoutant et puissamment typé (fumée, tourbe, iode, notes de truffe…), en bouche le vin révèle une puissance rare avec une acidité profonde, du gras et une finale longue, légèrement tannique et délicatement fumée.
Issu du Rangen, ce pinot gris se caractérise par une matière sauvage et une personnalité haute en couleur. Ce vin « volcanique » va avoir besoin de temps pour s’assagir…

Pinot Gris G.C. Wineck-Schlossberg 2002 – V. Spannagel 
: le nez est riche et gourmand avec des notes de fruits exotiques et de pain grillé, la bouche est aérienne, juteuse et délicatement acidulée, la finale est longue et marquée par l’orange mure.
Un millésime prolixe sur le terroir granitique du Wineck a engendré ce vin pur et équilibré avec un très beau fruité.

Pinot Gris Altenbourg Cuvée Laurence 2006 – Clos des Capucins : le nez est quelque peu étrange avec ses notes grillées suivies par des arômes de graine de moutarde, la bouche est puissante, ample et sphérique avec une longue finale légèrement fumée
Cette cuvée marquée par le botrytis et dotée d’un registre aromatique surprenant est surtout remarquable par sa structure en bouche… ce vin doit encore se poser un peu avant de s’exprimer pleinement.


Thème 3

Le muscat en 2004 : à finir, à boire ou à garder ?

Muscat 2004 – Cave du Roi Dagobert 
: le nez est expressif avec des arômes d’herbe fraîche, de chlorophylle, la bouche est légère, d’une fraîcheur agréable avec un registre toujours végétal qui se complexifie (foin coupé, fleurs…), la finale est très courte.
Un vin plaisant et frais qui a déjà évolué vers un profil plus gastronomique.

Muscat 2004 – Machtum Hoffels (Luxembourg) : le nez est frais, un peu monolithique avec d’intenses notes de chlorophylle, la bouche reste dans la ligne « Holywood » et la finale est courte et aqueuse.
Surprenant par ses arômes entêtants mais sans plus, la structure en bouche est quasi inexistante.

Muscat Tradition 2004 – Hugel : le nez s’ouvre sur des arômes classiques, raisin frais et notes musquées mais la menthe fraîche prend rapidement le dessus, la bouche possède un équilibre classique, sec et tendu avec une longueur moyenne.
Un muscat bien fait, sans trop de fantaisie et d’exubérance mais qui a vraiment bien résisté à l'usure du temps.

Muscat 2004 – P. Frick 
: le nez est étrange et peu typique avec des notes de coing, de pomme blette et quelques évocations fumées, la bouche est vraiment très fatiguée avec des arômes peu agréables.
Etrange et déstabilisant au nez… en bouche le verdict est plus simple, ce vin est passé.

Dry Muscat 2004 – Brown Brothers (Australie)
 : le nez est peu agréable, marqué par des notes végétales peu mures, voire médicamenteuses, la bouche est flotteuse, l’acidité est acerbe, la finale est inexistante.
Un vin passé…qui n’a peut-être jamais été présent…

Muscat Bergheim 2004 – J.M. Deiss 
: le nez est d’une extrême discrétion, la bouche qui possède une structure intéressante avec de la rondeur et un léger CO2, révèle des une palette aromatique végétale très agréable (herbe fraîche et menthe).
Malgré une bouche intéressante, la faiblesse des sensations au nez constitue, à mon avis, une vraie lacune pour un muscat…

Muscat 2004 – L. Barth 
: le nez est discret et fin avec des notes d’herbe coupée, de citron, la bouche est délicatement acidulée et offre une palette qui s’enrichit d’arômes floraux (lavande) et épicés.
Un vin avec une réelle dimension et une belle complexité…à réserver à l’accompagnement gastronomique.

Muscat G.C. Saering 2004 – Dirler-Cadé : le nez est flatteur et engageant, les arômes sont riches et racés (herbe coupée, résine de sapin, eucalyptus…), la bouche est puissante avec une belle minéralité et une longueur considérable.
Un muscat de terroir, puissant, plein de jeunesse et de noblesse… un vin de gastronomie ou de plaisir qui nous prouve que grandeur et polyvalence ne sont pas forcément antinomiques.

Pour conclure :
-    Le premier thème m’a permis de découvrir une série de vins sélectionnés pour leurs personnalités typées mais consensuelles et leur excellent rapport Q/P : des idées précieuses pour choisir des bouteilles destinées à plaire à un large panel de convives… me voilà fin prêt pour arroser copieusement les fêtes de fin d’année !
-    Le second thème m’a laissé un peu sur ma faim… ma réconciliation avec les vins de ce cépage n’est pas pour demain, même si la riche expression de terroir du « Thann » de Zind-Humbrecht et la suavité de la palette du « Wineck-Schlossberg » de Spannagel m’ont particulièrement touchés.
-    Entre les vins vraiment passés, peu agréables et les vins buvables sans plus, la série du troisième thème, a renforcé ma conviction que le muscat ne supporte pas facilement la longue garde. Après 5 ans de vieillissement, beaucoup de cuvées avaient vraiment pas mal décliné… même si le G.C. de Dirler fait office d’exception (qui confirme la règle… ?).
-    Comme d’habitude, Thierry Meyer a mené cette leçon de dégustation avec brio et compétence en nous proposant 3 sujets intéressants et relativement pointus, illustrés par une riche sélection de bouteilles.
Des moments simplement indispensables pour tout amateur de vin d’Alsace !
Merci Maître !
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  • : Vins, vignobles et vignerons.
  • : Récits liés à des rencontres viniques et oenophiliques.
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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,

rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.

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