Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly
éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion
de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au
domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine
Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !
Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais
Jour 1. : visite au domaine de la Grand’Cour à Fleurie
La belle impression laissée par ma visite de l’année passée et le plaisir ressenti à chaque fois que j’ai débouché une des
bouteilles produites par Jean-Louis Dutraive sont autant d’éléments qui m’ont décidé à revenir une nouvelle fois vers le ce domaine de Fleurie…ne nous privons pas des bonnes
choses !
Contrairement à l’année passée il reste presque toutes les références du tarif à la vente : dans cette région également, 2011
a été un beau millésime !
Heureusement d’ailleurs pour Jean-Louis Dutraive, car en 2012 ce fut extrêmement compliqué. Il y a eu d’abord de violents orages
de grêle qui ont durement frappé le secteur de Fleurie ensuite les maladies de la vigne : « face à la pression du mildiou dont on n’a pas anticipé la virulence les produits
phytosanitaires admis en viticulture bio, ont été impuissants ».
Le niveau de rendement parle de lui-même : 5 à 6 hl/ha sur le domaine de la Grand’Cour…une
misère !
Notre vigneron reste néanmoins très positif « c’est notre métier, ça fait partie des aléas de qu’il faut accepter…il y aura
très peu de vin en 2012 mais la qualité est au rendez-vous »
Une fois installés dans le caveau nous faisons un tour d’horizon complet sur 2011 :
Fleurie Chapelle des Bois 2011 : le nez est pur et très expressif avec une palette
florale bien complexe, la bouche charme les papilles par sa gourmandise, son toucher lisse, sa structure détendue et son bouquet qui s’exprime avec une grande délicatesse.
Cette cuvée issue d’une parcelle de vignes d’une vingtaine d’années qui jouxte le domaine : « deux hectares de sols
assez profonds assis sur une base granitique ».
Elevé en foudre et travaillé sans ajout de SO2 ce premier Fleurie possède une matière et une aromatique d’une pureté et d’une
profondeur qui me transportent littéralement.
Cette troisième halte me confronte à un changement de style évident mais la qualité de ce premier vin est vraiment
irréprochable…La belle série continue !
La parcelle « Chapelle des Bois »
Fleurie Clos de la Grand’Cour 2011 : le nez fait penser à la cuvée précédente par son
côté floral tout en affirmant un côté un peu plus épicé, la bouche est ample et vineuse avec une matière généreuse qui donne un côté sphérique à la structure, la finale est un peu plus tendue,
légèrement tannique et délicatement poivrée.
Située à l’intérieur des murs qui entourent la propriété cette parcelle est géologiquement proche de celle de la Chapelle des
Bois, mais le sol y est un peu moins profond et moins riche et les vignes ont entre 30 et 40 ans.
L’esprit de Fleurie si joliment décliné par le vin précédent est bien présent sur ce Clos mais la présence en bouche y est un peu
plus « sérieuse ».
Une très belle cuvée à garder ou à placer à table
Une partie du Clos qui entoure le Domaine de la Grand’Cour
Fleurie Cuvée Vieilles Vignes 2011 : le nez s’ouvre sur quelques notes lactées
probablement liées à l’élevage mais avec l’oxygénation la palette se définit plus précisément avec une aromatique élégante et complexe sur la prune et les fleurs, en bouche le vin se montre dense
et plein de sève avec une mâche gourmande et une finale bien longue finement boisée et épicée.
Cette cuvée issue de 5 parcelles (environ 1 ha au total) de très vieilles vignes du clos (70 ans et plus) a été élevée en fûts de
chêne de 1 à 2 vins.
Malgré l’aromatique encore un peu perturbé par sa mise très récente, ce Fleurie impressionne par sa concentration et son énergie
en bouche… cette bouteille visiblement taillée pour la garde sera capable de montrer sa grande classe après une année en cave…A bon entendeur !
Fleurie Terroir Champagne 2011 : le nez est mystérieux avec des notes fruitées très
discrètes complétées par de solides nuances minérales (graphite, terre humide), la bouche est dense et concentrée avec une aromatique très complexe et de belles notes minérales qui se remontrent
avec véhémence en finale pour accompagner un sillage finement boisé.
C’est la première fois que je déguste cette cuvée issue d’un terroir situé au sud-est du Clos et vinifiée en barriques neuves à 25 % complétées par d’autres ayant contenu 1 vin. Le boisé est discret et déjà parfaitement intégré mais la profonde minéralité de cette matière peut surprendre les amateurs de « gouleyance » beaujolaise…attention « Champagne » a de la personnalité et le fait savoir dès son plus jeune âge !
Le terroir Champagne et la colline du Py à l’arrière plan.
Brouilly Cuvée Tradition 2011 : le nez est assez classique et très agréable avec son
côté épanoui et généreusement fruité mais la bouche étonne vraiment par son volume, sa concentration et sa structure bien virile.
J’ai été surpris par la place de ce Brouilly dans la série que me proposait Jean-Louis Dutraive, mais en le dégustant, j’ai
compris : issu d’une très vieille vigne située sur une veine argilo-calcaire, ce cru plein de sève et d’énergie est un vin de garde.
Peut-être un peu atypique…mais pleinement réussi !
Fleurie La Part des Grives 2011 : le nez est charmeur avec une palette complexe sur
les fleurs et fruits à noyaux bien mûrs, en bouche on est envouté par la douceur de la matière et par le fruité très épanoui, la finale reste très riche mais sans se montrer trop
lourde.
Cette cuvée rare est conçue à partir de grappes laissées sur les ceps durant un mois supplémentaire (4 par pied de vigne) pour atteindre un
degré de maturité très élevé (16°8 en 2011) mélangées avec des raisins de 2° génération (conservés en chambre froide après vendange) moins riches et plus acides.
Ce « concept wine » qui titre quand même 14°4 se présente aujourd’hui comme un séducteur absolu : généreux, ouvert et étonnamment
bien équilibré…MIAM !
Le domaine de la Grand’Cour qui est implanté au milieu de ses vignes – un peu à la bordelaise – a fait le choix d’une
viticulture biologique certifiée depuis 2009. Les raisins sont vinifiés, grappes entières, en macération carbonique, sans ajout de SO2 et les cuvées qui sont issues de ce joli travail sont
particulièrement agréables à déguster : bien typées, pleines d’allant et d’énergie positive elles appellent la bonne humeur et les petits plats mitonnés.
Cette année j’ai eu le plaisir de découvrir toute la gamme de vins produits par Jean-Louis Dutraive et l’impression
ressentie en 2011 s’est largement confirmée.
Les cuvées de Fleurie sont presque archétypiques avec leur palette suave toujours marquée par un fond joliment floral et
une présence en bouche qui trouve son équilibre et son volume dans l’alliance entre solidité de la charpente et densité de la matière.
Le Brouilly 2011 est un peu particulier avec sa personnalité haute en couleur et son tonus inhabituel pour cette
appellation, mais quel beau vin !
Voilà une visite qui est en train d’acquérir le statut d’étape incontournable.
Merci à Jean-Louis Dutraive pour son accueil…et à l’année prochaine !