Avec cet automne 2012 où la météo se montre vraiment très capricieuse le vigneron alsacien vit un stress intense : il doit
profiter de la moindre embellie pour rassembler son équipe de vendangeurs afin de pouvoir rentre des raisins les plus sains et les plus secs possible…c’est une course contre la montre de tous les
instants !
En ce début d’octobre, je vais donc profiter des libertés que m’accorde généreusement mon Ministère pour prêter main forte à
Claude et à Sandrine et participer à une seconde journée de vendanges au domaine de l’Oriel.
En arrivant à Niedermorschwihr…où est le soleil annoncé par Météo France ?
Le programme de cette journée s’annonce très chargé puisqu’il va s’agir de vendanger toutes les parcelles de pinots noirs du
domaine.
La première étape sur le coteau du Brand arrosé par une petite bruine fine mais particulièrement pénétrante nous permet de récolter de
très beaux raisins : les fruits sont sains et se présentent sous forme de grappes compactes avec de petits grains. A la dégustation, les baies se montrent bien sucrées, les peaux sont assez
épaisses et les pépins croquent sous la dent sans laisser de sensations astringentes.
Résultat : des bottiches titrant entre 11°4 pour les plus faibles et 13°8 pour les meilleures.
Pause café bienvenue au sommet du Brand.
Pour l’étape suivante nous restons sur la colline du Brand pour nous rendre sur la Schneid et vendanger une parcelle située sur
son versant ouest, non-classé Grand Cru.
Sur la Schneid, la vigne apporte un peu de couleur dans la grisaille ambiante.
Résultat : des raisins toujours très beaux mais avec des jus un peu moins concentrés (11°2 – 12°8).
La troisième parcelle se situe dans un secteur plus plat entre les collines du Brand du Sommerberg et du Florimont, ur le lieu-dit
Pairiser Matten (les prés de Pairis). Le ciel s’éclaircit un peu et inonde les paysages d’une lumière étrange en offrant une vue de toute beauté sur les coteaux classés
qui nous entourent.
Dans la parcelle des Pairiser Matten avec la colline du Florimont à droite…
…et le majestueux Kougelhopf du Sommerberg en face.
Sur ce terroir plus argileux, l’état des raisins est légèrement moins bon et oblige les vendangeurs à trier un peu, mais la maturité des jus reste correcte (11°1 – 12°7).
Après le repas de midi (arrosé par un riesling G.C. Florimont 2007 de toute beauté !) c’est reparti sur les pentes du
Weschelberg et de la Raenck, deux secteurs granitiques situés dans le prolongement du Sommerberg.
Ces coteaux très pentus (surtout le Raenck !) se trouvent au pied des montagnes et sont bordés par la forêt vosgienne. Sur ces parcelles, les
vendangeurs sont mis à rude épreuve : obligés de trier sévèrement car les fruits ne sont pas très beaux (je pense qu’on a jeté près de la moitié…) et contraints de s’accrocher fortement à la
pente sous peine de se retrouver sur les fesses et quelques dizaines de mètres plus bas…
Niedermorschwihr vue du haut de la Raenck
Vue plongeante sur les pentes de la Raenck.
Le sol détrempé proscrit l’usage du tracteur…retour à la tradition avec les porteurs et leur hotte : dur, dur pour les
cuisses !
Résultat : des raisins pas trop beaux mais avec un bon niveau de maturité (12°3 – 13°2)…une maigre consolation au regard des efforts
fournis !
L’avant dernière étape nous mène vers une vigne un peu plus « tranquille », histoire de se refaire une santé !
La Flieh est une jeune parcelle de pinots noirs plantée par Claude il y a quelques années.
La Flieh…un peu de repos après les pentes redoutables de la Raenck
La vendange est agréable, la pente est bien plus faible et les fruits sont très beaux… mais nous n’avons visiblement pas été les seuls à nous en rendre compte car des sangliers qui avaient forcé un passage sous le grillage de protection ont opéré une razzia sur les 4 derniers rangs…il ne restait pratiquement plus de grain de raisin sur les rafles. Vandales mais connaisseurs, ces bestiaux !
Que des beaux fruits…les sangliers ne se sont pas trompés de parcelle !
Résultat : des raisins dans un très bel état sanitaire titrant entre 12° et 12°8 mais une récolte amputée d’un quart à cause d’une bande de
sangliers…GRRRR !
Pour terminer cette longue journée, l’équipe des vendangeurs se rend sur le Florimont pour récolter les 7 rangs de rieslings situés dans
le secteur sous la grotte.
La grotte du Florimont
Je n’accompagne pas le groupe sur cette dernière parcelle mais je vais seconder Claude à la cave où il finit la mise en cuve du pinot noir.
Montage ingénieux avec un élévateur pour charger le fouloir-égrappoir
C’est parti…
…on ne laisse pas de grappe dans la bottiche…
…et pendant ce temps le niveau monte dans la cuve.
Au bout de la journée, la cuve de pinot noir est remplie à ras bord et le jus est pesé à 13,1° potentiels. Les bottiches restantes (issues
principalement de la Raenck) sont mises au pressoir pour une vinification en blanc.
Une fois de plus, malgré une météo peu favorable la qualité des terroirs mais aussi celle de la viticulture du grand
Claude ont fait la différence.
J'ai comme l'impression qu'on pourra trouver une très belle cuvée de pinot noir 2012 l'année prochaine au domaine de
l’Oriel.
Premier jour de vendanges pour Aurélie…un sourire dans la froidure alsacienne !