Déjà un an passé depuis la dernière édition de la « Dégustation musicale aux chandelles » au
domaine Louis Sipp !
Mais qu’importe…la perspective de revivre cette belle expérience me fait rapidement oublier
l’inéluctable défilement du temps, toujours trop rapide pour les gens de mon âge.
Après quelques pas dans les rues de Ribeauvillé, sous une pluie fine et pénétrante, nous nous
retrouvons au premier étage de la maison Sipp, dans la chaleur douillette de la « Stube » où nous attendent Etienne, son équipe et les deux artistes qui vont animer la
soirée.
La rue principale de Ribeauvillé en décembre.
Comme l’année dernière, pour cette soirée à la lumière des chandelles, notre vigneron mélomane nous propose de combler nos sens
par quatre nouvelles associations musico-viniques.
L’altiste Anne-Irène Kempf qui nous avait gratifié d’un très beau concert en 2010 est accompagnée ce soir par la violoniste Claire
Monjauze : voilà une belle occasion pour alterner des pièces pour instrument seul et des duos, à la recherche d’une synergie sensorielle avec quelques vins du domaine
Sipp.
Claire Monjauze et Anne-Irène Kempf.
Le verre de Crémant d’Alsace Rosé proposé à l’apéritif est illustré par le
Madrigal pour violon et alto de Bohuslav Martinu :
Ce crémant issu du millésime 2007 possède un cordon de bulles fin et persistant et une robe rose pâle qui donnent immédiatement un côté festif à la table. Son nez
est agréable sur le pain grillé et les petits fruits rouges et sa bouche est vive et fruitée avec une finale où on sent un petit côté tannique très subtil.
Cette musique énergique et inventive a résonné presqu’à l’unisson avec la pétillance de ce vin…la soirée est bien lancée !
Une table qui sent bon la fête…
Le Riesling Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé 2009 a été accompagné par la
Troisième partita pour violon seul, en mi majeur BWV 1006 de Jean-Sébastien Bach :
Ce riesling précis et pointu dont le nez s’ouvre sur des arômes de citron, de citron vert et de craie avant de livrer quelques belles notes florales, possède une
structure droite et minérale et une finale très agréable où on décèle une petite douceur et quelques notes fumées.
La musique de Bach qui nous emmène dans un monde où cohabitent rigueur classique et inventivité sans fin, sied parfaitement à ce vin très vertical au premier abord
mais qui se révèle de plus en plus charmeur lorsqu’on le côtoie assez longtemps pour en saisir toute les subtilités.
La Sonate pour alto seul opus 25 N°1 de Paul Hindemith qui nous emmène presque aux
antipodes par rapport à la pièce précédente se déguste en compagnie du Pinot Gris Grand Cru Osterberg
2007 :
Ce vin au nez charmeur avec un fruité presque confit possède une bouche ample et charnue avec du gras et un moelleux bien intégré, la finale est fraîche et
délicatement acidulée.
Cette pièce en 4 mouvements de ce compositeur ouvertement iconoclaste nous emporte dans une musique qui alterne des moments assez sauvages avec des parties très
poétiques…comment trouver un vin qui s’harmonise avec cette œuvre ?
Etienne Sipp a parié sur le côté « enraciné et terrien » de ce vin pour accompagner les envolées parfois dissonnantes de ce morceau. Habile et
très réussi, chapeau !
Le pinot gris 2007.
Le Gewurztraminer Grand Cru Osterberg 2007 et le Duo en sol majeur pour violon
et alto K. 423 de Wolfgang-Amadeus Mozart ont été choisis comme le dernier couple musico-vinique de cette belle
soirée :
Issu d’une vieille parcelle au cœur du Grand Cru, ce vin est étonnant de complexité aromatique (fruits exotiques, rose, violette, épice) et nous séduit complètement
avec une bouche suave et élégante. Le bouquet est bien complexe sur les fleurs et la craie humide, la finale revient longuement sur des notes de rose.
La perfection de Mozart et celle d’un gewuztraminer où tout semble être à la juste place avec la juste mesure…que dire de plus ?
Rien……………juste un silence mozartien !
Pour conclure :
- Penser à associer des vins et des mets est une démarche naturelle, réfléchir à d’éventuelles synergies positives entre
vin et musique est un peu plus rare…saluons avant toutes choses l’initiative d’Etienne Sipp qui nous a permis de réaliser cette seconde expérience sur ce thème.
- Avec des morceaux de musique savamment choisis et brillamment interprétés dans une ambiance sereine et intimiste, les
vins du domaine Sipp ont été servis dans des conditions de dégustation plutôt inhabituelles. Mais goûter des vins comme des œuvres musicales, et vice-versa nous emmène dans un univers sensoriel
insoupçonné…quel beau voyage !
- La mise en scène inhabituelle de cette dégustation m’a soumis à un monde de sensations gustatives et auditives d’une
rare densité : de la musique, des arômes, des goûts, très peu de paroles…une expérience rare !
Vivement la prochaine édition !
- Les esprits chafouins me traiteront de fainéant mais qu’importe, j’ai relu ma conclusion rédigée à l’occasion de
l’édition 2010 et je n’ai rien de mieux à dire en 2011…cette soirée était simplement parfaite !
Bravo et merci à tous ceux qui ont œuvré pour nous régaler ce soir.
Ouverte dès notre retour à Strasbourg pour prolonger encore un peu la soirée…Très grande bouteille !